Loi « sécurité globale » : Un photographe blessé pendant la « Marche des libertés », une enquête administrative ouverte

MATRAQUE L'AFP avait demandé une enquête de police après que l'un de ses collaborateurs, le photographe syrien Ameer al Halbi, a été blessé durant la manifestation contre le texte de loi «sécurité globale»

20 Minutes avec AFP
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Une affiche pendant la manifestation contre les violences policières, dimanche 29 novembre à Paris.
Une affiche pendant la manifestation contre les violences policières, dimanche 29 novembre à Paris. — Aude Lorriaux

Un photographe syrien, collaborateur de Polka Magazine et de l’AFP, a été blessé lors de la manifestation contre le texte de loi «sécurité globale»  et les violences policières à Paris. Ameer al Halbi, 24 ans, qui couvrait la manifestation place de la Bastille à titre indépendant, « a été blessé au visage par un coup de matraque », a affirmé sur Twitter Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, qui a dénoncé des violences policières « inacceptables ».

Une enquête « administrative interne » a été ouverte par la police ce dimanche, ce que réclamait l’AFP. Cette enquête a donc été diligentée à la demande de la hiérarchie policière et devrait établir comment le photographe, qui n’a pas encore déposé plainte, avait été blessé, a précisé une source policière à l’AFP.

« Nous sommes choqués »


« Toute notre solidarité envers Ameer Al Halbi. Ces violences policières sont inacceptables. Ameer est venu de Syrie en France pour s’y réfugier, comme d’ailleurs plusieurs autres journalistes syriens. Le pays des droits de l’homme n’a pas à les menacer, mais à les protéger », a encore tweeté M. Deloire, tandis que l’AFP demandait quelques heures plus tard l’ouverture d’une enquête.

« Nous sommes choqués par les blessures infligées à notre collègue Ameer al-Halbi et nous condamnons cette violence non provoquée », a affirmé dimanche Phil Chetwynd, directeur de l’information à l’AFP. Il a souligné qu’au moment des faits, Ameer al-Halbi « exerçait son droit légal comme photojournaliste couvrant les manifestations dans les rues de Paris » et qu’il « se trouvait avec un groupe de collègues clairement identifiés comme journalistes ». « Nous demandons à la police d’enquêter sur ce grave incident et de s’assurer que tous les journalistes soient autorisés à mener leur travail sans peur ni restriction ».

« Psychologiquement « très touché » »

La photojournaliste indépendante Gabrielle Cezard se trouvait aux côtés d’Ameer Al Halbi et dit l’avoir perdu de vue au moment d’une charge de la police dans une petite rue. « Nous étions identifiables comme photographes et tous collés à un mur. On criait « presse ! presse ! » ». Il y avait des jets de projectiles du côté des manifestants. Puis la police a mené une charge, matraque à la main », a-t-elle raconté à l’AFP.

« Ameer était le seul photographe qui ne portait ni casque, ni brassard. Je l’ai perdu de vue puis je l’ai retrouvé entouré de gens, le visage tout ensanglanté et enveloppé de pansements », a-t-elle affirmé. « Il était psychologiquement très touché, il a pleuré, et a dit qu’il ne comprenait pas « pourquoi c’était mal de faire des photos », a poursuivi la photographe.

Le nez cassé

Selon Dimitri Beck, directeur de la photographie de Polka qui suit Ameer depuis son arrivée en France il y a près de trois ans, le photographe a eu le nez cassé et a été blessé à l’arcade sourcilière. Il a été transporté à l’hôpital Lariboisière.

Ameer al Halbi, qui a remporté plusieurs prix internationaux, notamment le 2e prix de la catégorie «Spot News» (voir la photo) pour le World Press Photo en 2017, a couvert pour l’AFP les combats et les ravages dans sa ville d’Alep, en plein conflit syrien.

A Bayeux (qui célèbre chaque année les correspondants de guerre), il a remporté le prix du « Regard des jeunes de 15 ans » pour un cliché pris pour l'AFP montrant deux hommes, serrant chacun un nourrisson dans leurs bras et marchant dans une rue d’Alep en ruines. A Paris, il a notamment suivi une formation à l’école de photos Speos.