« Le grand jeu » de la survie en altitude permet-il vraiment de prendre de la hauteur ?
SURVIVAL « Le grand jeu » de Céline Minard est paru en octobre 2019 chez Payot & Rivages
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- Aujourd'hui, « Le grand jeu » de Céline Minard est paru le 7 octobre 2019 aux Éditions Payot & Rivages.
Kravis, contributeur du groupe de lecture 20 Minutes, vous recommande Le grand jeu de Céline Minard, paru le 7 octobre 2019 aux Éditions Payot & Rivages
Sa citation préférée :
« Je veux imaginer une relation humaine qui n’aurait aucun rapport avec la promesse ou la menace. Qui n’aurait rien à voir, rien du tout, avec la séduction ou la destruction ».
Pourquoi ce livre ?
- Parce que Céline Minard se met en marge du monde à travers cette histoire dont la trame est philosophique. L’homme est-il condamné à vivre entre promesses et menaces ? La narratrice n’est « ni une extraterrestre ni une excentrique » (elle tient à le préciser), mais une femme qui décide de voir si la vie à la montagne peut lui permettre d’échapper au présent, qu’elle voit comme « une impasse ouverte sur l’infini des deux côtés ».
- Parce que l’auteure trouve l’occasion, via sa narratrice, de faire part de son besoin de s’isoler, de se confronter à la survie, pour écrire. Ce tonneau accroché à la montagne peut faire figure de résidence d’écrivain spartiate, émule de Diogène et Marc Aurèle. Ce dernier, que Céline Minard a lu, fut un empereur d’une grande lucidité : « Dès l’aurore, dis-toi d’avance : je vais rencontrer un indiscret, un ingrat, un insolent, un fourbe, un envieux, un égoïste ». Loger à cette altitude réduit les chances de croiser ces individus dont la liste s’est gravement allongée en dix-huit siècles…
- Parce que l’auteur exprime à nouveau ce besoin de « s’exterritorialiser » qui la caractérise, de situer ses personnages dans des terres lointaines où le risque et la menace sont permanents. Une instabilité viscérale qui fait d’elle une écrivaine particulièrement inventive, audacieuse, toujours surprenante. Elle nous invite ici à jouer les funambules au-dessus du vide entre la promesse de l’aube et la menace des ténèbres.
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. La narratrice dont on ignore tout ou presque (on apprend qu’elle a, à portée de main, des cahiers et un violoncelle) a décidé de s’installer loin de tout, en altitude, dans un abri high-tech où elle vit en autonomie et grimpe le reste du temps, escaladant les surplombs, arpentant les crêtes.
Les personnages. Ils sont rares. La narratrice n’est pas là, dans cet abri de montagne, pour rencontrer du monde. Elle découvrira pourtant qu’elle n’est pas seule. La nonne Dongbin rôde dans les parages. C’est une étrange créature, funambule à ses heures. Une relation quasi silencieuse va se nouer entre elles.
Les lieux. Un abri moderne, on pourrait dire une « tiny house », déposé par hélicoptère dans une montagne qui culmine à 2.871 mètres. Les Pyrénées, peut-être, puisqu’on y trouve des isards. Peu importe. « Une belle planque », dit l’auteur. Une sorte de tonneau fait de résine, de fibre de verre et de PVC.
L’époque. Pas un mot de l’époque, ce qui est très appréciable. On est dans le gaz. C’est la nature de l’espace-temps de ce livre où perce une métaphysique du vide. Mais on peut supposer que vu les matériaux utilisés pour le refuge et le matériel d’escalade de la narratrice, l’action se situe au XXIe siècle.
L’auteur. Céline Minard a l’art de vous transporter à chaque nouveau livre dans des territoires pas ordinaires : l’ouest sauvage pour Faillir être flingué, le vieux français du Moyen Âge dans Bastard battle, les lendemains d’apocalypse dans Le dernier monde, la vie de bivouac en montagne avec ce livre.
Ce livre a été lu par Kravis avec le plaisir de retrouver Céline Minard, auteure pour qui la littérature est de nulle part. Au diable le GPS. Elle nous entraîne toujours avec bonheur sur des chemins non balisés. Dans ce livre, elle nous fait partager la vie d’un personnage qui tente d’échapper au présent, aux sales types, à l’air du temps.
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