Rennes : « C’était une drogue »… L’incroyable collection de ce fan des Beatles mise aux enchères

Love me do Les filles de Pierre-Marc Aubry ont décidé de se séparer des milliers de disques et objets amassés par leur père pendant cinquante ans

Camille Allain
Grand collectionneur, Pierre-Marc Aubry était un incontournable du Beatles Day, organisé chaque année en Belgique.
Grand collectionneur, Pierre-Marc Aubry était un incontournable du Beatles Day, organisé chaque année en Belgique. — Convention Beatles Day
  • Une grande vente aux enchères consacrée à des objets dédiés aux Beatles est organisée ce vendredi et samedi à Rennes.
  • Cette impressionnante collection appartenait à Pierre-Marc Aubry, un fan des Beatles qui a passé cinquante ans de sa vie à sa passion.
  • Les filles du collectionneur souhaitent que l’ensemble des objets puissent retourner entre les mains de fans.

C’est un véritable trésor amassé pendant plus de cinquante années qui s’apprête à être dispersé. Vendredi et samedi, une grande vente d’objets dédiés aux Beatles aura lieu dans les salons de Ouest Enchères Publiques. C’est dans cette salle située à Rennes que les fans du plus grand groupe pop du monde pourront tenter de s’offrir l’un des 3.000 lots mis en vente. Au total, pas loin de 2.000 vinyles seront proposés sous le marteau du commissaire-priseur. Cet incroyable capital, on le doit à un homme : Pierre-Marc Aubry. Originaire de la région de Segré (Maine-et-Loire), cet amoureux des Beatles a passé la grande majorité de sa vie à ériger l’une des plus belles collections dédiée au groupe mythique britannique.

« Il a commencé à 14 ans et c’est devenu toute sa vie. C’était comme une drogue », raconte Chrystel Deneux, fille aînée de Pierre-Marc Aubry. Après avoir entendu les premiers tubes du groupe au cœur des années 1960, celui qui était alors plombier avait claqué ses premières paies pour s’offrir des disques vinyles d’un quatuor déjà légendaire. Un peu plus de trois ans après le décès de leur père, les deux filles du collectionneur ont décidé de se séparer de l’ensemble des objets dédiés aux Beatles. Des centaines de vinyles d’éditions collectors, des figurines, des guitares ou encore une photo dédicacée par Paul McCartney, John Lennon, Ringo Starr et George Harrison.

« Nous préférons que ces objets vivent »

« Tout ça dort dans des cartons chez moi depuis des années. Émotionnellement, c’est parfois compliqué à assumer. Nous préférons que ces objets vivent et qu’ils profitent à d’autres collectionneurs. Beaucoup connaissaient papa. Un petit morceau de lui ira chez chacun d’entre eux », explique sa fille. Avant même la mort de leur père, emporté par un cancer à 69 ans, ses enfants avaient évoqué le devenir de cette collection. « Il savait qu’on allait s’en séparer. Les Beatles, je les adore, ils ont accompagné toute ma vie, mais je n’en suis pas fan. Je n’ai pas cette passion », poursuit sa fille.

Pendant toute sa jeunesse, Chrystel a été bercée par le quatuor de Liverpool. A chaque voyage à l’étranger, son père s’empressait d’arpenter la ville à la recherche d’un disquaire qui pourrait posséder une version rare d’un vinyle des quatre fantastiques. « On s’est retrouvé avec des Double blanc (White album sorti en 1968) par dizaines. Je ne comprenais pas trop pourquoi mais mon père savait ce qu’il faisait. Il y avait toujours un numéro différent, une petite inscription en plus ». L’idée d’en faire un musée avait bien germé mais l’entreprise se révélait particulièrement compliquée à mener. Chaque année, son père exposait d’ailleurs ses plus belles pièces au Beatles Day, convention organisée à Mons en Belgique et dont la prochaine édition se déroulera le 23 septembre.

« C’était un collectionneur incroyable, un véritable passionné »

Parmi les pièces les plus remarquables qui seront vendues aux enchères, on peut noter la présence d’un morceau du plancher du Cavern Club, scène de Liverpool sur laquelle les Beatles ont fait leurs débuts, ou encore une photo dédicacée par le groupe dans un restaurant en 1966. La vente sera surtout consacrée aux vinyles, dont certaines versions imprimées dans des pays issus de l’ex union soviétique où cette musique a longtemps été interdite. « C’était un collectionneur incroyable, un véritable passionné. Il a consacré sa vie aux Beatles. Pendant longtemps, Internet n’existait pas donc il a beaucoup voyagé pour ça. C’est un hommage très émouvant », estime Fabien Lecœuvre. L’expert a passé environ huit mois sur cette collection pour l’analyser et l’expertiser. « On voit ça avec Johnny Halliday ou parfois Claude François. C’est à la limite de la religion », estime l’expert.

Alors âgé de moins de 15 ans, Pierre-Marc Aubry était trop jeune pour voir les Beatles lors de leur passage à Paris en 1965. Le collectionneur n'a jamais pu voir le quatuor britannique mais avait pu assister à un concert de Paul McCartney.
Alors âgé de moins de 15 ans, Pierre-Marc Aubry était trop jeune pour voir les Beatles lors de leur passage à Paris en 1965. Le collectionneur n'a jamais pu voir le quatuor britannique mais avait pu assister à un concert de Paul McCartney. - AFP

Si certains objets sont accessibles à partir de 20 ou 30 euros, quelques pièces plus rares devraient se vendre plusieurs milliers d’euros. La famille de Pierre-Marc Aubry utilisera l’argent collecté pour exaucer le dernier vœu du collectionneur. « Il voulait voir des ours blancs de son vivant. Il n’a pas pu. On a donc décidé d’aller disperser ses cendres en Laponie pour exaucer son souhait. On n’allait pas l’emmener au zoo de la Flèche », conclut sa fille Chrystel. Si la vie de Pierre-Marc s’est arrêtée en 2020, sa collection devrait continuer à vivre encore longtemps.