« Blackwater » : Comment la saga qui inspira Stephen King est devenue un succès de librairie
EDITION Dominique Bordes a mis tous les atouts de son côté pour que la saga familiale et fantastique « Blackwater » soit une réussite pour sa maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture
- La saga familiale et fantastique « Blackwater » est un succès d’édition en ce début d’été.
- Les six tomes de ce roman-feuilleton écrit dans les années 1990 se sont déjà vendus à 120.000 exemplaires.
- Michael McDowell, auteur décédé en 1999 à 49 ans, avait cosigné avec Tim Burton les scénarios de « Beetlejuice » et de « L’Etrange Noël de Monsieur Jack ».
« J’ai voulu créer un petit moment de magie dont se souviendront les 15 ou 20.000 premiers lecteurs français de la saga », raconte Dominique Bordes, l’éditeur de Blackwater. Dans l’édition, les « moments de magie » dont parle le patron de Monsieur Toussaint Louverture sont plutôt rares. Et on ne les attend pas forcément du côté d’un roman-feuilleton américain de 1.200 pages, écrit dans les années 1990 et resté inédit en France.
Par quel miracle Blackwater de Michael McDowell est-il réapparu 23 ans après la mort de son auteur sous la forme de six livres de poche ? Comment s’en est-il vendu plus de 120.000 en trois mois, au point que chaque tome s’est retrouvé, à un moment donné, en rupture de stock avant la sortie du suivant ? C’est toute la magie dont parle Dominique Bordes.
Une saga familiale mâtinée de fantastique
Que raconte Blackwater ? C’est une saga familiale mâtinée de touches de fantastique, qui débute en Alabama en 1919 et se termine cinquante ans plus tard au même endroit. Au gré des époques, la famille évolue et les morts reviennent hanter les vivants. On pense à La Ligne verte que Stephen King écrivit dix ans plus tard, en suivant le modèle de Michael McDowell dont il admirait le travail.
Mais aussi à Beetlejuice ou à L’Etrange Noël de Monsieur Jack dont McDowell, fasciné par les artefacts mortuaires, avait signé les scénarios avant de devenir l’auteur prolifique d’une trentaine de romans en dix ans, jusqu’à sa mort en 1999 à 49 ans du sida.
Reste que Blackwater ne serait rien sans ses qualités littéraires. Dès la parution du premier tome, le 7 avril dernier, Emily Costecalde, lectrice pour la plateforme littéraire 20 Minutes Livres et blogueuse, soulignait « l’efficacité narrative d’un feuilleton » où « le cliffhanger est de mise » à la fin de chaque tome. Et notre contributrice de préciser qu’« au-delà des reconstitutions soignées, Michael McDowell faisait preuve d’un grand sens du glauque, instillant avec brio des petites touches de macabre et d’horreur ». Emily a ensuite chroniqué chaque tome, l’un après l’autre, suscitant, à chaque fois, des échanges envieux et passionnés avec les autres contributeurs de la plateforme.
Un tome édité en France tous les quinze jours
« Aux Etats-Unis, McDowell a publié les six volumes a raison d’un par mois, raconte le patron de la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture. J’ai pensé qu’il valait mieux ramasser les six mois du feuilleton en trois mois, en publiant un volume tous les quinze jours, car l’époque n’est plus la même. Tout va plus vite, y compris le désir des gens qui s’éteint plus vite qu’avant. » La vitesse était donc le premier parti pris de Dominique Bordes. Le format de poche est le second. « Pour son prix (8,40 euros pièce) que j’ai voulu accessible, justifie l’éditeur. Mais aussi pour qu’il soit trapu, agréable à prendre en main et facile à lire dans les transports ou au café. » Voire, cet été, au bord de la mer ou au bord de la piscine…
« Deux petites heures de lecture suffisent à venir à bout de chaque volume », précise Emily Costecalde qui insiste sur le fait que « chacun d’entre eux est un petit bijou de fabrication; c’est peut-être futile, mais ça compte ! », se réjouit-elle. « Je voulais une couverture et des illustrations un peu rock, avec un côté tatouage, poker, quelque chose qui soit à la fois classe et bling-bling », explique Dominique Bordes. Les six tomes donneront un cachet évident à votre bibliothèque quand vous les rangerez après les avoir dévorés.