« On a créé cet album comme si c’était le dernier » explique Nina Goern du duo Cats On Trees
INTERVIEW Nina Goern, chanteuse du groupe Cats On Trees, évoque pour « 20 Minutes » le chemin qui a mené jusqu'à « Alie », leur troisième album.
- Après Néon il y a 4 ans, Alie, sorti en début d’année et le troisième album du groupe Cats On Trees
- Le duo entame une tournée et propose un spectacle autant musical que visuel
Quatre ans après Néon, Cats On Trees dévoile un retour à pas de velours. A l’image de ce nouvel album, Alie, ils signent un concert d’une rare délicatesse. Entouré de Charlotte Baillot au violon et Vatea Lega à la basse, le duo s’embrase sous les projecteurs. Cette sublime scénographie le confirme : Cats On Trees n’oublie jamais de se réinventer. Leur dernier album est gracieux, énergique et teinté de noirceur. Avec douceur, Nina Goern nous raconte l’émergence de ce projet sur lequel ils se sont tant investis.
Après cette difficile période pour les concerts et les spectacles, comment se passe cette nouvelle tournée ?
On n’en est qu’au début. J’espère qu’elle va durer encore longtemps ! Mais c’est vrai que la Covid ne nous a pas aidés… On s’est presque demandé si un jour on allait remonter sur scène. Alors on a créé cet album comme si c’était le dernier. On avait vraiment envie que les gens nous découvrent tels que l’on est, mais dans un univers très onirique. Je crois qu’on a gagné notre pari.
Votre deuxième album sort en 2018. Juste avant la pandémie vous êtes en tournée et on vous retrouve en 2022 avec un nouvel album : que s’est-il passé ?
On a tourné 2 ans avec notre deuxième album Néon. Après la tournée, on s’est tout de suite retrouvés avec Yohann, à vouloir battre le fer tant qu’il est chaud et composer à tout prix. On a gardé un rythme effréné sans se rendre compte qu’on avait besoin de complètement autre chose. Quand la pandémie est arrivée, on avait plein de chansons. Mais tout ce qu’on avait fait n’avait aucun sens. Alors on a rebattu les cartes. On avait besoin de retrouver nous-mêmes en tant qu’individus, parce que ça fait 18 ans qu’on travaille ensemble avec Yohann !
Qu’est-ce que ça a changé dans votre processus de création ?
D’abord, je ne sais pas si c’est notre meilleur album mais c’est celui qui m’a fait le plus évoluer. Et c’est la première fois que je ne parle pas de musique sur un album et que je parle essentiellement de psychologie et d’humain. Avec Yohann, c’est la première fois que l’on n’a pas essayé de construire autour d’un thème qui nous était commun.
Et cela donne une autre dimension à l’album ?
C’est un album qui est assez long. Plus long que le précédent, qui était plein de frénésie avec l’envie de faire danser les gens et de monter qu’on était en train de vivre une explosion de succès. « Alie » représente la volonté de se reposer et de se retrouver chez soi, en famille… Chaque chanson raconte une petite histoire.
Cet album est plus intimiste mais n’oublie pas pour autant votre ADN musical : la pop. Votre concert jongle parfaitement entre ces deux aspects. Comment faites-vous pour construire le rythme de ce spectacle ?
Déjà, de manière très pragmatique les chansons plus calmes sont des moments de repos et de respiration. Sans eux on ne tiendrait pas jusqu’au bout. Mais le piège c’est de laisser retomber la pression. Il faut que cela reste des moments suspendus, pour ne pas perdre ce fil onirique sur lequel on se balade.
Sur scène il vous arrive d’être seule, avec seulement votre piano et beaucoup d’émotions dans la voix. Même s’ils reposent, ces moments ne sont-ils pas émotionnellement coûteux ?
Ils me font du bien. J’ai fait beaucoup de chemin avec mon rapport à la scène. Avant, j’étais profondément timide et mettre un pied sur scène c’était comme entrer dans la fosse aux lions. Maintenant je ne vais plus en terrain hostile et c’est un plaisir. Et chanter des petites histoires simples, ça fait partie de mon évolution. Les partager avec les gens, avec douceur, ça me fait grandir.
En parlant d’évolution, vous écrivez beaucoup plus en français maintenant. Pourquoi ce choix ?
Oui, il y a une vraie volonté de chanter de plus en plus en français ! Mais c’est difficile de trouver sa plume. On est entourés de chanteur et d’artistes français qui sont très bons. Il fallait trouver le bon moment pour avoir notre identité et ne pas faire comme les autres. Mais pendant le confinement, c’est venu naturellement. J’ai lu beaucoup de contes à mes enfants. Grimm et Andersen, ce sont des univers qui me parlent. Ça m’a ouvert des portes sur des paysages un peu étranges.
Justement, cet univers un peu imaginaire vous en avez fait quelque chose de très visuel. Comment avez-vous conçu les décors et jeux de lumières de vos concerts ?
L’idée était de proposer un spectacle à la croisée de la musique et du théâtre. Yohann est très familier des arts plastiques. Il aime beaucoup l’univers de Georges Méliès. Il avait envie de quelque chose d’un peu vieilli et de mécanique, et moi je rêvais d’apesanteur. On a alors fait appel à Alex Hardellet que l’on connaît depuis longtemps et qui a beaucoup travaillé avec James Thierrée, le petit-fils de Charlie Chaplin. On a vraiment créé ce spectacle ensemble, pour qu’il nous ressemble le plus possible.
Quels sont les nouveaux artistes que vous nous conseilleriez ?
Je peux vous conseiller Blumi. C’est somptueux ! Elle a fait la première partie de Divine Comedy dont un de leur album a été élu meilleur album pop du monde. J’adore aussi Clou !