Pierre de Maere, le chanteur belge en quête de célébrité avec ses chansons aux « accidents heureux »
MUSIQUE•A 20 ans, l’auteur, compositeur et interprète sort « Un jour, je », un premier EP de cinq titres mêlant pop et chanson francophoneFabien Randanne
L'essentiel
- Un jour, je, premier EP de cinq titres de Pierre de Maere, est disponible.
- « J’utilise la musique comme une sorte de vitrine fantasmée de ma personne, j’ai envie d’offrir au monde qui ne me connaît pas, une version flamboyante, idéalisée de Pierre de Maere », explique l'auteur, compositeur et interprète belge à 20 Minutes.
- Pierre de Maere mise beaucoup sur son instinct dans son processus créatif.
La fausse modestie ? Très peu pour lui. Pierre de Maere (prononcer « de mare ») a sorti vendredi son premier EP, Un jour, je. Le titre, convoquant la première personne du singulier, annonce la couleur. Sur la pochette, il se dédouble et pose en présentateur de late show à l’américaine, un disque à son effigie entre les mains. Sur un mug à côté est écrit : « Make Me Famous », « rendez-moi célèbre ».
« Cette pochette, c’est une vision, une sorte d’hallucination… Cet EP n’est fait que d’illusion destinées à devenir réalité, confie-t-il à 20 Minutes. Le titre illustre la quête d’un avenir brillant. Pour moi, cela passe par la célébrité. » Un peu plus tôt, il déclarait : « J’utilise la musique comme une sorte de vitrine fantasmée de ma personne, j’ai envie d’offrir au monde qui ne me connaît pas, une version flamboyante, idéalisée de Pierre de Maere. »
« Je ne fais pas de la musique pour mon père et ma mère »
« Mais pour qui se prend-il ? », vous demandez-vous sans doute, prêt à bondir dans les commentaires sous l’article et à y déposer un message fielleux sur son manque d’humilité. Refrénez-vous car, si cela ne saute pas aux yeux dans ces verbatims, le jeune Belge n’a rien d’un présomptueux puant l’arrogance. Il émane de lui quelque chose d’éminemment sympathique et, lorsqu’on creuse un peu, le vingtenaire est bien plus réfléchi que ce qu’il laisse entendre.
« Dans la célébrité, je vois peut-être des choses que d’autres ne voient pas, avance-t-il. Ce n’est pas que le côté mégalo et égocentrique : à partir du moment où tu es célèbre, c’est que ton œuvre est connue et que tu as réussi à toucher un tas de monde. Si je fais de la musique, je ne le fais pas pour mon père et ma mère. Il faut être transparent sur les intentions. »
Son EP en forme de carte de visite musicale comporte cinq titres mêlant chanson francophone et pop avec quelques intonations rap, des r roulés et des décrochés. On y trouve, ce qu’il appelle « des accidents heureux ». « Je n’ai suivi aucun cours théorique, de chant ou de solfège. Ma formation musicale se résume à la batterie, donc tout était le fruit du hasard », explique-t-il, avant de donner l’exemple d’une de ses chansons : « Lorsque je me suis posé au piano, le changement de tonalité dans le refrain n’était pas délibéré, je n’étais pas conscient de ce que je faisais. Je me laisse guider selon ce que mon cœur et mes oreilles aiment. »
Pierre de Maere a le sens de la créativité et de la bidouille. A 10 ans, il écrivait ses premiers morceaux qu’il travaillait sur Garage Band. « Je chantais dans un anglais approximatif, en yaourt, avec déjà l’idée à l’époque de tout péter. » Il veut copier son grand frère ingénieur du son qui à ce moment-là composait de son côté. Tous deux n’ont alors cessé de travailler ensemble, et cet EP est le fruit de leur collaboration.
« Un costume, pour moi, c’est une cape. Si je vais en marcel sur scène, c’est foutu »
Au milieu de l’adolescence, il s’est pris de passion pour la photographie – qu’il a fini par étudier. « Je faisais des portraits, la mode est arrivée dans mon viseur parce qu’il fallait faire la direction artistique », résume-t-il, soulignant que l’image continue d’avoir « un fort impact sur [son] projet ». « Le stylisme a pour moi beaucoup d’importance. Un costume, pour moi, c’est une cape. Si je vais en marcel sur scène, c’est foutu », glisse-t-il.
Lors du premier confinement, Pierre de Maere a posté sur YouTube Potins absurdes, son premier morceau en français. C’est ce qui lui permet de se faire repérer et de signer chez Cinq7, un label de Wagram Music qui éditera prochainement son premier album.
La belle histoire s’est donc écrite facilement pour l’artiste qui ne semble pas s’embarrasser de questions existentielles. Il est devenu l’un des talents les plus prometteurs de la nouvelle scène belge au côté de Noé Preszow ou Ilona. « En Belgique, on est décomplexés, parce qu’on n’a pas le poids de la chanson française sur les épaules, estime-t-il. Les Belges ne se posent pas trop de questions quand ils écrivent, ils composent avec ce qui leur vient. On ne se prend pas au sérieux, c’est une force. »