« Des gens mortels » : Le nouvel EP de Madame Monsieur est plus intime et parle de « ceux que l’on n’entend pas »

MUSIQUE Jean-Karl Lucas et Emilie Satt ont créé en duo et en couple, lors des confinements de 2020, de nouvelles chansons qui parlent davantage d’eux que leurs titres précédents

Fabien Randanne
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Jean-Karl Lucas et Emilie Satt forment le duo Madame Monsieur.
Jean-Karl Lucas et Emilie Satt forment le duo Madame Monsieur. — Charlotte Steppé
  • Des gens mortels, le nouvel EP de six titres de Madame Monsieur, sort ce vendredi.
  • « On s’est autorisés à s’amuser autour de ce revival des années 1990 et 2000 : Zazie, Dido… Et on a fait d’autres titres plus pop, dans l’air du temps. On s’est fait plaisir », explique Jean-Karl Lucas.
  • « La chanson la plus personnelle, c’est Bleed, qui raconte ce qui nous est arrivé – et qui arrive à des millions de gens – : perdre un bébé. C’est une épreuve banale mais non moins bouleversante et traumatisante. Cela nous a fait du bien d’en parler », confie la chanteuse Emilie Satt.

Le duo Madame Monsieur a vécu des confinements productifs. « On a créé énormément de morceaux. Production, réalisation, arrangements, enregistrement, on a tout fait à la maison tous les deux », raconte Jean-Karl Lucas. Un travail artisanal en binôme et une sorte de contrepied, imposé par la force des choses, à leur projet précédent,  Tandem, un double album de vingt-cinq titres avec autant d’artistes invités (Hatik, Soprano, Slimane, Kyo, Dadju…).

Certains de ces nouveaux morceaux sont sortis au fil des derniers mois, dont la ballade piano-voix Prochain soleil ou le dansant Cœurs abîmés habillé de synthés à la tonalité eighties. Six autres sont à découvrir sur l’EP Des gens mortels qui sort ce vendredi. « On s’est autorisés à s’amuser autour de ce revival des années 1990 et 2000 : Zazie, Dido… Et on a fait d’autres titres plus pop, dans l’air du temps. On s’est fait plaisir », reprend le musicien.

« Ce n’est pas parce que quelqu’un a des avis tranchés qu’il est intéressant »

Le double sens du titre Des gens mortels est délibéré. « C’est une façon de parler de tous ceux que l’on n’entend pas, qui ne font pas de vague, pas de bruit, qui ne hurlent pas à tort et à travers sur les réseaux sociaux et qui essayent simplement d’être des gens bien au quotidien. C’est aussi nous, des gens mortels, on a envie de montrer qu’on fait des belles chansons. Et puis, cela dit qu’on va tous disparaître un jour, finir de la même manière. C’est une sorte de fatalisme », explique le duo.

Le premier extrait, On est tous le con de quelqu’un, a donné le ton cet automne. « Sans être un héros, ni un saint, tu sauveras pas le monde, mais tu sauveras quelqu’un », chante Emilie Satt. « On voit la poésie dans le quotidien. Tout le monde a quelque chose d’intéressant, avance-t-elle. Ce n’est pas parce que quelqu’un parle plus fort que les autres et a des avis très tranchés qu’il est forcément plus intéressant et plus riche intérieurement. J’aime bien la "terre du milieu", qu’on pourrait qualifier de tiède, peut-être, mais cela ne veut pas dire qu’elle a moins de choses à raconter. »

« On est dans une société où on nous exhorte à choisir un camp tout le temps. Non seulement, il faut le choisir vite, mais aussi le crier haut et fort. Dans cette période de campagne présidentielle qui s’ouvre et s’annonce plus que dure, c’est bien de revenir à des valeurs de réflexion, de mettre sur pause parfois, et de ne pas forcément réagir tout le temps à tout ce qui se passe », appuie Jean-Karl Lucas.

« Dans chaque chanson, beaucoup de choses parlent de nous »

L’autre particularité de ces nouvelles chansons est qu’elles ont une dimension plus intime pour le duo à la scène qui est un couple à la ville. « Dans chaque chanson, quand on sait lire entre les lignes, il y a beaucoup de choses qui parlent de nous. Emilie y dit des choses de façon détournée, parle d’elle, de comment elle est, de sa personnalité… », appuie Monsieur.

« La plus personnelle, c’est Bleed, qui raconte ce qui nous est arrivé – et qui arrive à des millions de gens – : perdre un bébé. C’est une épreuve banale mais non moins bouleversante et traumatisante. Cela nous a fait du bien d’en parler, confie la chanteuse. Si cela peut réconforter d’autres personnes, c’est bien, parce qu’on a eu la chance après ça de vivre une histoire heureuse et d’  avoir un beau petit garçon [César, né en juillet 2020]. Cette chanson nous représente pas mal aussi dans la simplicité du propos, du message, du rapport l’un à l’autre. »