« Montre jamais ça à personne » : Vingt ans d'Orelsan racontés par son frère sur Amazon Prime Video
SERIE Pendant près de vingt ans, Clément Cotentin a filmé l’ascension de son frère et de sa bande de potes
- Amazon Prime Video met en ligne ce vendredi une série documentaire autour du rappeur Orelsan.
- La série a été réalisée par son frère Clément Cotentin, qui l’a filmé pendant près de vingt ans.
- On y découvre l’ascension de l’artiste mais aussi son amitié de longue date avec Gringe, Skread et Ablaye.
Nous sommes à Caen, au tout début des années 2000. Aurélien Cotentin, un jeune réceptionniste d’hôtel, profite du calme de ses nuits de veille pour écrire des textes de rap. Un soir, il fait entrer en douce son petit frère Clément, qui depuis plusieurs mois le suit partout et immortalise ses moindres faits et gestes à l’aide d’une caméra. Il lui raconte son quotidien, ses rêves, ses vagues projets dans la musique. Entre deux confidences, il s'adresse à l'objectif indiscret : « Montre jamais ça à personne ». Aurélien ne se doute pas encore qu’une poignée d’années plus tard, la France entière le connaîtra sous le pseudonyme d’Orelsan.
Montre jamais ça à personne, c’est aussi le titre de la série documentaire qui retrace la carrière du rappeur normand. Disponible dès ce vendredi sur Amazon Prime Video, les six épisodes ont été réalisés par son frère, journaliste et réalisateur, qui l’a suivi pas à pas durant deux décennies, du canapé miteux de son premier appart, aux Zénith pleins à craquer de la fin des années 2010. Le résultat est hautement addictif et esquisse un portrait drôle et émouvant de l’artiste.
L’ascension d’une bande de potes
« J’ai commencé à filmer quand mon frère a fait ses premiers concerts dans des petites salles à côté de Caen, explique Clément Cotentin à 20 Minutes. Mon objectif c’était avant tout de traîner avec ses potes et lui ! Comme on a trois ans de différence c’était le seul moyen que j’avais trouvé. » Ses potes ? Gringe, Skread et Ablaye. Clément Cotentin les suit partout et devient le témoin privilégié de leur amitié et de l’ascension de chacun dans le monde de la musique. Il les observe écrire, composer, délirer, bidouiller leurs premiers studios dans un placard… Il les voit aussi douter, glander, s’éloigner et se retrouver. Au total le réalisateur a patiemment recueilli plus de 2.000 heures d’images, dont toute une partie récoltée bien avant le premier succès de Perdu d’avance en 2009.
« Pendant longtemps, je filmais mais je croyais que je n’avais rien à raconter. En plus, l’évolution de mon frère a été super lente. On voit bien toutes les petites étapes. Mais ce n’est pas parce qu’il n’a pas explosé en un an ou deux qu’il n’y avait rien à raconter. Au contraire, l'histoire est encore plus savoureuse », estime le réalisateur. Il retrace ainsi chronologiquement son parcours – les débuts hasardeux, le tremplin de MySpace, la polémique Sale Pute ou encore le salvateur Chant des sirènes —, et dévoile aussi l’envers de certaines chansons ou le making-of de concerts. « Le doc permet aussi d'avoir toutes les clés pour comprendre l’univers de mon frère : ses personnages, ses histoires, ses concepts, son ironie, son second degré… Je voulais que ça éclaire ses projets passés mais aussi tout ce qu’il fera à l'avenir », souligne-t-il.
Une fête de famille
Montre jamais ça à personne est une histoire de potes, de musique, mais aussi de famille. Et c’est peut-être l’aspect le plus touchant de cette série documentaire. On y découvre Orelsan comme on ne l’a jamais vu, auprès de ses proches et à travers les témoignages de sa mère, de son père ou de sa grand-mère. Des séquences aussi drôles qu’émouvantes. « C’est un portrait assez intime de ma famille, reconnaît le réalisateur. Pudique, quand même, mais universel. Ce n’est pas une téléréalité sur mon frère. »
On perçoit en permanence le regard tendre que Clément Cotentin pose sur son aîné et ses amis, ainsi que tout l’amour et l’admiration qui leur porte. « Ces quatre mecs-là m’ont inspiré et montré des choses, j’ai appris mon métier en les suivant, je me suis rendu compte à leur côté que j’aimais le format long, que je voulais prendre mon temps », note le réalisateur. Un apprentissage qui dépasse largement le cadre professionnel. « Construire une équipe autour de soi, donner son maximum, ne rien lâcher, avoir une liberté de ton et de création… C’est ce que j’ai appris en suivant les gars », reconnait-il. Et l’histoire ne s’arrête pas là. Clément Cotentin souhaite continuer à « faire des trucs avec Orel ».
« Je n’ai pas encore fini de le filmer. Il se peut que l’aventure continue », affirme-t-il. Une confidence à mettre en perspective avec la fin du sixième épisode de la série, qui devrait réjouir plus d'un fan.