Déconfinement : Le Musée de l’Illusion referme temporairement ses portes, faute d’autorisation préfectorale
ABRACADABRA Le Musée de l’Illusion, qui avait rouvert dès le premier jour du déconfinement, ne disposait pas des autorisations nécessaires, et a dû refermer temporairement ses portes, ce jeudi 14 mai
- Le Musée de l’Illusion a accueilli une centaine de visiteurs et visiteuses depuis sa réouverture, le 11 mai.
- Jeudi 14 mai, la police a contrôlé le musée qui ne disposait pas des autorisations nécessaires, et celui-ci a dû fermer ses portes. Il a pu réouvrir ensuite le 22 mai.
- Reportage au quatrième jour d'ouvverture.
EDIT du 22/05/2020: Le musée de l'Illusion a rouvert ses portes ce 22 mai.
C’était une illusion presque parfaite… A Paris, le Musée de l’illusion, qui s’était déconfiné dès le 11 mai, a dû refermer ses portes. En cause : le musée avait rouvert sans la fameuse autorisation locale.
Tout avait pourtant bien commencé, ce 14 mai, jour que 20 Minutes avait choisi pour un reportage sur place. C’était le quatrième jour de réouverture de ce tout jeune musée, installé depuis le mois de décembre dans la capitale, à la suite d’un coup de cœur de Steven Carnel, l’un des cofondateurs, pour les illusions d’optique. A midi, une quinzaine de personnes déjà s’étaient présentées au guichet, pour s’amuser des figures géométriques en forme de trompe l’œil accrochées au mur, ou des salles donnant l’illusion d’être tout petit dans la caméra grâce au jeu de perspective, ou encore du kaléidoscope géant permettant de se voir démultiplié :
« Il n’y a pratiquement rien d’ouvert à Paris »
En tout, une petite centaine de personnes ont visité le musée depuis le 11 mai, à raison de « 30 à 40 » visiteurs par jour, selon Steven Carnel, pour une jauge de 70 personnes en temps de coronavirus. La presse aussi s’était pressée dans ce musée, devenu pionnier de la liberté culturelle retrouvée.
« Il n’y a pratiquement rien d’ouvert à Paris, j’ai essayé le Musée Balzac, le Musée Zadkine, rien n’est ouvert, et je n’avais pas de réponse au téléphone », expliquait, dépitée, Patricia, une habitante de l’Essonne venue acheter son billet au guichet, contente de tomber enfin sur une institution ouverte. A la caisse, Thomas lui remet un ticket. A quelques mètres, Steven Carnel lui donne une consigne : « Pour le billet physique, la doctrine, c’est comme ils veulent. S’ils ne préfèrent pas toucher de billet, tu peux simplement prendre leur nom. »
Le masque n’est pas de rigueur
« Les règles sont très claires », poursuit le cofondateur du musée, auprès de 20 Minutes : « Les gens ont réservé un créneau horaire. On les compte manuellement ou sur une application. Ils donnent leur nom ou bien on scanne le billet. Puis il faut respecter les distances de sécurité, et on a mis du gel hydroalcoolique partout ».
Au Musée de l’Illusion, contrairement à l’Institut Giacometti par exemple, le masque n’est pas de rigueur, et on peut toucher les œuvres. Les installations sont toutefois désinfectées en permanence, précise le porte-parole, et les œuvres entièrement dédiées au toucher, comme les casse-tête qu’on pouvait essayer de résoudre, ont été enlevés. « On nettoie toutes les 30 minutes », confirme Charlène, une employée. Et des masques sont proposés aux personnes qui en expriment le besoin.
Bluffant
A l’étage, Steven Carnel nous emmène vers un de ses tours préférés. Il s’agit de l’illusion de Jastrow, du nom du psychologue américain qui fit cette formidable découverte : si l’on place l’un en dessous de l’autre deux rectangles de même forme, légèrement concaves, en alignant leurs bords externes d’un côté, celui du haut semble moins long que l’autre. On a beau placer et replacer la figure géométrique qui sert de comparateur sur l’un et l’autre dessin, on en reste tout abasourdi.
« C’est la plus bluffante, elle est simple et funky », s’enthousiasme Steven Carnel, en passionné, qui a fait la découverte de cette illusion à Zagreb, dans un musée sur le même thème. « Quand j’ai vu ça, j’ai voulu faire la même chose », explique-t-il.
Pas d’autorisation, pas d’exposition
Avant de passer dans la pièce d’à côté, le cofondateur s’excuse presque de n’avoir « que » des flacons en forme de pompe de gel hydroalcoolique à proposer. « On aura bientôt des distributeurs non tactiles », précise-t-il d’emblée.
Le musée aura désormais le temps de les recevoir, puisqu’il doit fermer ses portes pour une durée indéfinie, nous a appris son responsable quelques heures après notre départ. Des policiers se sont présentés sur place et ont demandé selon Steven Carnel au musée l’autorisation préfectorale de rigueur, que l’institution, pas au courant de ces dispositions selon son porte-parole, n’a pu produire.
Selon un décret du 11 mai, les musées ne peuvent en effet accueillir du public sauf ceux « dont la fréquentation habituelle est essentiellement locale et dont la réouverture n’est pas susceptible de provoquer des déplacements significatifs de population », mais ces derniers doivent obtenir une autorisation du préfet, qui détermine la liste de ces musées en lien avec les Drac (Direction régionale des affaires culturelles).
« Ils nous ont dit que nous avions tout respecté en termes d’hygiène mais qu’il nous fallait quand même une autorisation », rapporte Steven Carnel, qui est aussi avocat. Une source préfectorale indique que « le Musée de l’illusion n’était pas autorisé » et qu'« aucun dossier n’a été déposé. Il était ouvert en toute illégalité ». La préfecture de police doit néanmoins examiner le dossier et le musée pourrait réouvrir bientôt. Abracadabra, aussi vite disparu, aussi vite réapparu ?
- Retrouvez ci-dessous la carte des musées et expositions ouvertes près de chez vous :