Dix ans de la mort de Michael Jackson: L'aura du roi de la pop est-elle écornée?
MUSIQUE Médiatiquement et musicalement, l’image du chanteur a pu évoluer auprès du grand public
- Michael Jackson est mort le 25 juin 2009 à Los Angeles aux Etats-Unis.
- Deux albums posthumes Michael (2010) et Xscape (2014) sont sortis après sa disparition.
- Le documentaire Leaving Neverland, diffusé en mars dernier, a ravivé les soupçons de pédophilie qui pesaient contre Michael Jackson.
Le 25 juin 2009, le monde de la musique perd son roi. A 50 ans, Michael Jackson disparaît après avoir régné pendant une quarantaine d’années sur la pop, que ce soit avec ses frères ou en solo. Les hommages spontanés se multiplient alors à travers le monde et des artistes aussi différents que Tracy Chapman et U2 reprennent immédiatement ses titres sur scène. Le 7 juillet 2009, ses funérailles publiques au Staples Center de Los Angeles sont suivies à la télévision par près d’un Américain sur dix et un Français sur deux. Des chiffres colossaux qui illustrent l’aura du chanteur.
Dix ans plus tard, malgré les hommages de ses fans, le silence est de mise partout ailleurs pour l’anniversaire de sa mort. Sur les réseaux sociaux, il semble qu’aucune célébrité n’ait pris la peine de poster un message en souvenir de Michael Jackson. Comme le remarque Le Parisien, aucun hommage n’a également été prévu par Sony, sa maison de disques, sous la forme d’une réédition d’album ou autre. A la télévision française, comme à la radio, mis à part sur RFM, aucun programme spécial ne lui est consacré. De quoi se demander si l’image du roi de la pop n’est pas quelque peu écornée.
Un public divisé en deux
Car, peu de temps avant l’anniversaire des dix ans de la disparition de Michael Jackson, de nouvelles accusations de pédophilie sont venues assombrir l’héritage du chanteur. Dans le documentaire Leaving Neverland, diffusé en mars dernier sur HBO aux Etats-Unis et sur M6 en France, James Safechuck, 41 ans, et Wade Robson, 36 ans, affirment avoir subi des abus sexuels de la part de l’artiste. Ces accusations ont-elles pu abîmer l’image de Michael Jackson ?
Pour Isabelle Petitjean, musicologue et autrice d’une thèse et de plusieurs livres sur le chanteur, « le grand public est divisé en deux. Une bonne partie n’est pas dupe et fait la part des choses entre l’homme et l’artiste. Ses chiffres de ventes n’ont, en effet, pas baissé, de même que ses taux d’écoute en streaming. Une autre partie le connaît peut-être moins et prend pour argent comptant toutes les informations qui circulent et ont circulé ».
« Leaving Neverland a pu semer du trouble mais le clan Jackson va contre-attaquer avec un documentaire pour pointer du doigt des incohérences, affirme Fabrice Bellengier, auteur de Michael Jackson, 40 ans de règne du roi de la pop (Mareuil Editions). Les choses vont se tasser d’elles-mêmes. D’ailleurs, Michael Jackson passe toujours à la radio et à la télévision. Les accusations ne vont pas entacher son image sur le long terme. »
Des albums posthumes inégaux
En dix ans, l’aura du roi de la pop a pu également pâtir des deux albums posthumes qui ont été proposés par sa maison de disques. Michael (2010) et Xscape (2014) sont composés de chutes des précédents disques du chanteur, qu’il n’avait donc pas sélectionnées. Connaissant le perfectionnisme de Michael Jackson, ces morceaux, même retravaillés par les meilleurs producteurs, n’étaient donc pas ceux qu’il considérait comme sortables. Et, effectivement, les chansons ne sont pas mauvaises mais ne brillent pas vraiment par leur originalité. Ce qui n’a pas empêché les opus de bien se vendre.
« Ces deux albums posthumes ont permis de satisfaire la curiosité des fans, considère Fabrice Bellengier. Ils auraient pu être mieux faits. Mais les gens qui découvrent Michael Jackson à travers eux ont, évidemment, dû entendre beaucoup de ses anciens tubes à la radio ou sur Internet. Beaucoup de jeunes s’identifient à lui et beaucoup d’artistes se réclament aujourd’hui de lui, comme Beyoncé et Justin Timberlake. »
Isabelle Petitjean note que « d’un point de vue artistique, Michael Jackson a canonisé la musique pop. Il a contribué à l’éclectisme de ce courant et a réhabilité le domaine visuel avec ses vidéos et ses chorégraphies. On a beau vouloir interdire ses chansons à la radio, même si ça reste anecdotique, on ne pourra pas interdire son héritage musical. Parce que la manière dont la musique est faite aujourd’hui s’inspire de sa façon de créer. Quoi qu’on fasse, il est là. » Les deux spécialistes en sont même sûrs : dans dix ans, les scandales seront oubliés et l’aura du roi de la pop sera toujours aussi prégnante sur le monde de la musique.