VIDEO. Incendie à Notre-Dame de Paris: Dégâts, durée des travaux, coûts... Les questions autour de la reconstruction de la cathédrale

PATRIMOINE Ravagée par un incendie, la cathédrale avait pourtant jusque-là traversé les siècles sans encombre

C.W. avec AFP
— 
Les dégâts causés par l'incendie de Notre-Dame de Paris sont inestimables.
Les dégâts causés par l'incendie de Notre-Dame de Paris sont inestimables. — HOUPLINE/SIPA
  • Notre-Dame de Paris a été ravagée par les flammes dans un incendie qui a débuté lundi soir.
  • Estimation des dégâts, délai de restauration… « 20 Minutes » fait le point sur les principales questions autour de la reconstruction de la cathédrale.

« Cette cathédrale, nous la rebâtirons. » C’est avec certitude qu’Emmanuel Macron a affirmé que Notre-Dame de Paris, ravagée par un terrible incendie, renaîtrait de ses cendres. Car après le drame, l’heure est désormais au premier bilan. « L’ensemble du feu est éteint. La phase est désormais à l’expertise et c’est pour cette raison qu’un ensemble d’experts examine l’ensemble des structures pour constituer les phases qui suivront, à savoir la consolidation », a déclaré Gabriel Plus, le porte-parole de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris lors d’un point presse devant Notre-Dame, précisant que le « violent feu » s’était « propagé très rapidement sur l’ensemble de la toiture » sur « 1.000 mètres carrés environ ».

S’il est beaucoup trop tôt pour estimer avec exactitude l’ampleur des dégâts, rappelons notamment que quelques foyers résiduels persistent, les ravages causés par les flammes semblent d’ores et déjà catastrophiques. Quels éléments du monument ont-ils été les plus touchés ? Combien pourrait coûter la restauration ? Combien de temps prendrait-elle ? 20 Minutes fait le point sur les questions que pose la reconstruction de Notre-Dame de Paris.

La charpente de la cathédrale peut-elle être sauvée ?

Si les deux beffrois et les tours ont survécu à l’incendie, la flèche et la charpente en bois, surnommée « la forêt », ont été détruites et la toiture partiellement sinistrée. « C’est catastrophique, estime Jean-Frédérick Grevet, architecte du patrimoine. La charpente était d’origine et traversait les siècles depuis 800 ans. On peut la reconstruire, mais d’un point de vue historique c’est une perte irréversible ». Et pourrait-elle être reconstruite à l’identique ? Comme l’a expliqué l’historien Patrick Demouy sur Europe 1, à Reims, où la cathédrale avait été détruite lors de la Première Guerre mondiale, « l’architecte Henri Deneux a fait le choix de ne pas reconstituer une charpente en bois et d’innover avec une charpente en béton. La décision reviendra aux spécialistes des monuments historiques : reconstruction à l’identique ou innovation pour ne pas trop charger une structure fragilisée par l’incendie. »

Quid de la structure en pierre ?

Si la stabilité globale de l’édifice ne semble pas mise en péril, une partie de la voûte s’est tout de même effondrée, et dans tous les cas des travaux de restauration des pierres devraient avoir lieu. Jean-Frédérick Grevet évoque notamment l’état des balustrades autour du chœur, ou encore les pinacles à l’extérieur. « Certaines pierres devront probablement être changées, d’autres nettoyées car noircies par les flammes », précise l’architecte.

Les statues ont-elles été touchées par l’incendie ?

Par miracle, seize statues de cuivre représentant les douze apôtres et les quatre évangélistes avaient été décrochées de la flèche de la cathédrale le jeudi 11 avril, afin d'être restaurées en Dordogne. Un projet de rénovation globale de la flèche avait d’ailleurs été engagé. Quant aux œuvres à l’intérieur du monument, il est difficile à l’heure actuelle de connaître ce qui a été sauvé des flammes, et ce qui n’a pas pu l’être. On sait toutefois que la couronne d’épines et la tunique de Saint Louis ont été mises à l’abri.

Les vitraux ont-ils été détruits ?

L’état des vitraux après l’incendie constituait l’une des grandes craintes des experts mais il semblerait qu’ils aient miraculeusement survécu à l’incendie. « Les trois belles rosaces de Notre-Dame, qui datent des XIIe et XIIIe siècles, n’ont pas bougé. Ce sont des vitraux du XIXe siècle, beaucoup moins importants dans notre imaginaire qui ont pu être touchés, mais pas les joyaux du XIIIe siècle. C’est un peu un miracle », a expliqué André Finot, porte-parole de la cathédrale, tel que le rapporte le Huffington Post. Quels risques couraient ces vitraux ? « Notamment que le plomb qui entoure le verre ait fondu », précise l’architecte du patrimoine Jean-Frédérick Grevet. Des travaux de rénovation devraient toutefois être opérés.


Et l’orgue ?

Les avis divergent. Si le porte-parole de Notre-Dame de Paris assure que l’orgue est sauf, le ministre de la Culture, Franck Riester, a expliqué à France Inter que l’instrument avait « l’air d’avoir été assez atteint ». « L’orgue a certainement souffert des infiltrations d’eau, analyse quant à lui Jean-Frédérick Grevet. Lors de l’incendie du palais du Parlement de Bretagne en 1994, les désordres avaient été colossaux, encore plus par l’eau que par les flammes. Les inondations sont très dangereuses. »

Combien coûterait la restauration de la cathédrale ?

« Il est trop hasardeux de donner une estimation », explique l’architecte du patrimoine. Mais 100 millions d’euros, c’était la somme nécessaire pour restaurer la charpente, la flèche et la couverture avant l’incendie. C’est aussi la somme que la famille Pinault a décidé de débloquer pour Notre-Dame de Paris. La famille Arnault, quant à elle, en a promis le double. La région Ile-de-France va débloquer 10 millions d’euros pour les travaux d’urgence et la mairie de Paris, 50 millions.

Peut-on estimer le temps de cette reconstruction ?

Difficile à estimer également. « Il faut se donner un délai court », « non pas dix ans quinze ans, mais trois ans » pour restaurer et reconstruire la cathédrale de Notre-Dame de Paris, jugeait ce mardi l’ancien ministre de la Culture Jack Lang. Jean-Frédérick Grevet, l’architecte du patrimoine, miserait plutôt sur une vingtaine d’années. En comparaison, les travaux de la cathédrale de Nantes, ravagée par un incendie en 1972, s’étaient achevés treize ans plus tard en 1985.