30 ans de la pyramide du Louvre: Avant la consécration, l’œuvre de Ieoh Ming Pei a été très controversée

ILLUMINATIS L’emblématique bâtiment d’entrée du musée du Louvre fête ses trente ans avec une exposition et des festivités

Marie Ledoux
La pyramide du Louvre à Paris en 2017
La pyramide du Louvre à Paris en 2017 — Jacques Witt/SIPA

Une exposition, un colloque et… des millions de selfies. A l’occasion du trentième anniversaire de « sa » pyramide, le musée du Louvre a vu les choses en grand. L’artiste JR a réalisé une œuvre d’art in situ pour la célébrer, et  l’exposition « La pyramide a 30 ans : son histoire en photos » est en accès libre jusqu’au 3 juin 2019, dans le jardin du Carrousel. L’occasion de revivre les moments forts de la pyramide, de sa construction à son inauguration. Et se prendre en photo !

En effet, si vous êtes un.e adepte des réseaux sociaux ou si vous avez déjà visité le musée, vous n’êtes pas sans savoir que la Pyramide du Louvre a donné naissance à de nouvelles pratiques très populaires comme la plus célèbre où, par un effet de cadrage et d’optique, la personne photographiée semble pincer le sommet de la Pyramide. Ces photos devenues incontournables ont redonné un souffle nouveau au musée de par leur omniprésence sur les réseaux sociaux. Les 10,2 millions de visiteurs du musée en 2018 (record mondial !) et plus de 2,7 millions d’abonné.e.s sur Instagram, l’ont peut-être oublié mais la pyramide de Ieoh Ming Pei a connu une naissance controversée avant de devenir la star des clichés de touristes.

Un projet architectural ambitieux

Annoncé en 1981 lors d’une conférence de presse peu après son élection, le projet de François Mitterrand est de transformer le Louvre et ses différentes entrées en un seul musée de masse, c’est le « projet Grand Louvre » dont la pyramide est le symbole. Pour ce faire, le président désigne l’architecte Sino-Américain Ieoh Ming Pei, qui acceptera ce qu’il qualifie de « gros défi » en juin 1983 et la mènera à bien de 1985 à 1988.

Le choix de la figure de la pyramide n’est pas anodin. Lors d’une interview du 10 avril 1987 pour Antenne 2, Ieoh Ming Pei anticipe les critiques : « La pyramide du Louvre n’a rien à voir avec l’Égypte. La pyramide égyptienne est faite de terre, tandis que la pyramide du Louvre est faite de verre. Elle est très solide, elle est faite pour la vie et pour la lumière. » Selon l’architecte, l’édifice symbolise la puissance et l’omniscience puisque, de par sa forme et sa transparence, la pyramide offre une vision complète sur la Cour Napoléon. Ce puits de lumière, et porte d’entrée des visiteurs, permet d’éclairer les collections du musée et les mettre en valeur.

Ce n’est que lors de sa seconde inauguration le 29 mars 1989, année du bicentenaire de la Révolution Française, qu’elle ouvrira ses portes au public et signera l’ouverture du « Grand Louvre ».

Parc d’attractions pour Illuminatis

L’inauguration en grande pompe s’est accompagnée d’une réelle hostilité de l’opinion publique ainsi que de vives réticences politiques, notamment du maire du 1er arrondissement de Paris, Michel Caldaguès qui lance une pétition et déclare « Je ne veux pas que le Louvre soit défiguré ». De nombreuses controverses ont vu le jour, notamment chez les conservateurs du patrimoine du musée critiquant le caractère trop « futuriste » de la pyramide, faisant passer le Louvre pour « un parc d’attractions », et jugée « dangereuse pour le paysage urbain ». D’autres reproches ont été formulés, cette fois d’ordre matériel, accusant par exemple la fragilité du verre, son lourd coût de remplacement et sa difficulté d’entretien…

François Mitterrand a également été accusé de faire la promotion de la franc-maçonnerie et s’est vu surnommer « Tontonkhamon ». Des théories du complot ont émergé, estimant le nombre de carreaux de verre sur la pyramide à 666, chiffre du diable… Ces théories ne sont d’ailleurs pas totalement enterrées aujourd’hui. Lors du discours de victoire d’Emmanuel Macron le 7 mai 2017, élu avec 66,06 % des suffrages (comme par hasard…), devant la pyramide du Louvre, les complotistes Illuminatis ont cru voir la projection d’une forme d’œil à la pointe du monument. Ce serait pour eux la preuve d’une manipulation convoquant tous les codes complotistes dans un lieu symbolique.