«Destination Eurovision»: «Dans ma tête, je ne suis ni favorite, ni perdante», confie Seemone

INTERVIEW Seemone, qui participera samedi, à la deuxième demi-finale de «Destination Eurovision» sur France 2 pourrait disputer la victoire finale à l’archi-favori Bilal Hassani…

Propos recueillis par Fabien Randanne
— 
La chanteuse Seemone.
La chanteuse Seemone. — Asa Mader.
  • Seemone, jeune chanteuse de 21 ans, sera en lice ce samedi soir sur France 2 pour la deuxième demi-finale de « Destination Eurovision », le concours musical servant à désigner le prochain artiste tricolore de l’Eurovision.
  • Si Bilal Hassani est le grand favori, Seemone est perçue par beaucoup comme une sérieuse outsider.
  • La jeune femme, qui effectuera avec « Destination Eurovision » sa première scène, veut miser sur la simplicité.

Samedi, Bilal Hassani a remporté  la première demi-finale de Destination Eurovision sur France 2 en étant plébiscité tout autant par les téléspectateurs que par le panel de cinq jurés étrangers. Une unanimité qui renforce son statut de favori. Qui pourrait lui opposer la plus forte concurrence ? « Seemone ! », répondent plusieurs observateurs et bookmakers, séduits par le timbre de voix de la chanteuse de 21 ans qui s’est lancée dans la musique il y a seulement cinq ans. Ce samedi, elle participera à la deuxième demie de Destination Eurovision et tentera de décrocher son ticket pour la finale du 26 janvier avec sa chanson Tous les deux. Avant de s’imposer en finale et d’aller représenter la France à l’Eurovision en mai à Tel Aviv (Israël) ?

« Tous les deux » est la chanson la plus intimiste en lice à Destination Eurovision, c’est son point fort ?

Je ne sais pas si c’est son point fort, mais c’est ce qui fait qu’elle a été retenue. Elle a été écrite en toute simplicité, en piano voix, on n’a pas voulu en rajouter. C’était quelque chose de très vrai, de très simple sur le moment et je pense que c’est ce qui a touché les gens qui l’ont sélectionnée. C’était un joli pari d’arriver avec cette chanson pour l’Eurovision alors qu’on a une image plus énergique, plus dansante, du concours. C’est osé, mais c’est peut-être ce qui va faire ma force.

Au départ, on croit qu’avec votre chanson vous vous adressez à votre amoureux, puis on découvre que vous parlez à votre père…

Je l’ai écrite parce que j’ai une relation formidable avec mon père mais quand on est une fille, on n’arrive pas forcément à parler avec son papa. J’avais beaucoup de choses à dire au mien. J’étais arrivée à un moment de ma vie où entre l’adolescence et l’âge adulte, j’avais besoin d’exprimer des choses à mes parents. Je parle plus facilement à ma mère, mon père c’était plus compliqué. Quand il a fallu que j’écrive un texte sur cette mélodie, c’était à lui que j’avais envie de m’adresser. Effectivement, en écrivant je me suis dit que c’était marrant parce qu’on dirait que je parle d’un amoureux donc pourquoi ne pas laisser croire ça aux gens au début. Mais en fait, dans une relation père-fille, il y a énormément d’amour et on peut utiliser à peu près les mêmes mots.

Comment abordez-vous la demi-finale de « Destination Eurovision » de samedi ?

En me disant que je suis très chanceuse d’avoir été sélectionnée. Je suis ravie. Je suis en face de gros gros concurrents et c’est hypermotivant. Ce sera la première fois que je vais chanter sur scène et présenter à un public ma chanson. Je suis assez sereine parce que, quoi qu’il arrive, je vais passer un bon moment. Aller à Destination Eurovision, c’est une opportunité, je pense que je n’ai qu’à y gagner.

A quoi ressemblera votre mise en scène ?

C’est en train de se préparer. mais dans l’idée, ce sera dans le même état d’esprit que ma chanson : très simple. J’ai envie que les gens ressentent des choses par ma voix, mon interprétation et la chanson en elle-même plutôt que par la mise en scène. Je n’ai pas l’intention d’en faire des tonnes.

Beaucoup vous considèrent comme une favorite capable de s’imposer face à Bilal Hassani. Qu’est-ce que cela vous fait ?

Je suis très étonnée, parce que je sors de nulle part. On ne va pas se mentir : je n’ai pas de réseaux sociaux influents, je n’ai sorti que deux titres originaux et je suis vraiment arrivée là en me disant que ça allait être génial de faire une scène, surtout sur France 2. Me mettre en compétition, je trouve ça un peu compliqué, je ne suis pas très à l’aise avec cette idée-là. Bilal Hassani est un artiste qui a son identité, j’ai la mienne et je ne me vois pas vraiment nous mettre en compétition ni me placer au-dessus des autres. Ce qui va faire la différence, c’est ce que les gens vont ressentir dans le public ou à travers leur télé, donc on ne peut rien savoir à l’avance. Cela se vit sur le moment et la magie opère ou pas.

Sur YouTube, des fans étrangers de l’Eurovision filment leurs réactions à l’écoute des chansons de « Destination Eurovision ». Un certain nombre réagit avec émotion à la vôtre, vous avez vu ça ?



J’ai regardé deux vidéos qui m’ont énormément touchée et mes parents et mon frère, qui regardent tout ça, m’en ont fait suivre quelques-unes. Je suis très émue quand je vois que la magie opère tout de suite et que les gens sont réceptifs à ce que je donne et au message que je veux transmettre. Je crois que quand on fait les choses avec sincérité, il y en a qui le ressentent. Si le message opère chez ces personnes, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse me faire.

Florina, candidate de la première demi-finale a très mal vécu le fait de n’avoir reçu aucun point du jury international. Vous vous préparez à un tel cas de figure ?

Je ne me prépare ni à gagner ni à perdre mais à livrer la prestation la plus proche de ce que je suis et de ce qu’est cette chanson. Je ne m’attends à rien. Je me suis retirée des réseaux sociaux cette semaine pour me préparer psychologiquement, répéter tous les jours, me mettre à fond dans ce que je veux faire. L’échec, c’est une possibilité, et c’est comme ça. Cela ne me fait pas peur parce que je ne m’attends à rien. Quand vous me dites que je suis l’une des favorites, je suis très loin de ça, je ne me mets pas dans cette position-là pour me protéger et éviter d’être déçue. Dans ma tête, je ne suis ni favorite ni perdante ni rien du tout, je suis une candidate et je vais tout donner.