«Doctor Who»: Les fans français y voient une série «doudou», «extraordinaire»…

VOUS TEMOIGNEZ Alors que France 4 diffuse ce jeudi à 22h25 le premier épisode de la saison 11 de « Doctor Who », « 20 Minutes » a demandé aux fans français de décrire leur amour pour ce monument de la culture pop britannique…

Propos recueillis par Fabien Randanne
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Jodie Whittaker, la nouvelle incarnation de Docteur Who, entourée de fans de la série, au Comic Con de San Diego (Etats-Unis), le 19 juillet 2018.
Jodie Whittaker, la nouvelle incarnation de Docteur Who, entourée de fans de la série, au Comic Con de San Diego (Etats-Unis), le 19 juillet 2018. — Joe Scarnici / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
  • « Doctor Who » est une série de science-fiction britannique créée en 1963 sur la BBC et diffusée jusqu’en 1989. Puis relancée en 2005.
  • France 4 diffuse ce jeudi soir le premier épisode de la onzième saison de la nouvelle ère, avec Jodie Whittaker dans le rôle-titre. L’actrice est la première femme à jouer ce personnage et sa treizième incarnation.
  • Les fans, surnommés les « Whovians », sont très nombreux outre-Manche, où la série est culte. On en dénombre bien moins en France, mais les passionnés tricolores ne sont pas pour autant les moins investis.

Il revient ! Ou plutôt elle revient. Car, pour la première fois depuis la création de Doctor Who en 1963, le rôle-titre est interprété par une femme, en l’occurrence n l’occurrence, Jodie Whittaker. Le premier épisode de la saison 11 avec cette nouvelle incarnation, diffusé dimanche soir sur la BBC au Royaume-Uni, a été suivi par 8.1 millions de personnes, soit le meilleur lancement enregistré par la série depuis dix ans, souligne le site inews. Véritable phénomène outre-Manche, ce show de science-fiction ne jouit pas de la même popularité en France. Ce qui n’empêche pas toute une communauté de fans - les « Whovians » - d’attendre avec une impatience folle de découvrir les épisodes inédits que France 4 diffusera toutes les semaines à compter de ce jeudi à 22h25. Pourquoi tant d’amour ? 20 Minutes a recueilli les témoignages de téléspectateurs dingues du Docteur.

 

« Mes proches trouvent que je pense trop à "Doctor Who" »

Moïse, 30 ans, technicien support informatique

« 2008, je suis étudiant et, un week-end, je zappe et tombe sur France 4 où je vois un vieil homme prendre feu et rajeunir une fois le feu éteint. C’était mon premier contact avec Doctor Who même si j’en avais vaguement eu vent avant. Cependant, je n’ai pas continué le visionnage sur le moment. 2012, j’entends beaucoup parler de Doctor Who dans la série que je viens de commencer, The Big Bang Theory, puis dans une autre, Community. Ça me donne envie de découvrir la série. Je m’y mets réellement après avoir visionné l’épisode des 50 ans, Le jour du Docteur, diffusé en 2013. Depuis, je suis accro. J’ai toujours été fou des histoires de voyage dans le temps. J’ai dû revoir la série moderne, débutée en 2005, trois ou quatre fois. Je possède l’intégrale en DVD version française et tous les Blu-ray steelbook sortis à ce jour en VO uniquement. J’ai aussi regardé la série classique, diffusée entre 1963 et 1989, en intégralité sur un an environ. J’ai participé à des rassemblements de fans, où je me suis fait des amis, et j’ai visité (l’exposition) Doctor Who Experience à Cardiff quelques mois avant sa fermeture. Je me suis déplacé exprès au Pays de Galles. Mes proches, y compris "Whovians", trouvent que je pense trop à la série. Mais j’ai rencontré mon meilleur ami en formation. Comme il me l’a dit, il ne serait jamais venu me parler si je n’avais pas mis un fond d’écran Doctor Who sur ma session Windows du PC que l’on avait à disposition. »

« J’ai versé mes plus grosses larmes devant "Doctor Who" »

Cécile, 28 ans, docteur en biologie

« Je crois que j’ai découvert Doctor Who sur France 4. En tout cas, le premier épisode que j’ai vu était avec David Tennant, parce qu’on oublie jamais son premier docteur. Il est encore aujourd’hui mon chouchou. J’ai instantanément adoré la série, parce qu’elle regroupe beaucoup de choses que j’aime : de l’aventure, de la science-fiction, des personnages attachants. Au fur et à mesure des années, en découvrant le Docteur et ses mystères, j’ai commencé à me documenter, à découvrir l’univers étendu. J’ai chez moi une trentaine de romans en anglais, les comics sortis en France, ainsi que de nombreux objets. Au-dessus de mon canapé, j’ai le Tardis, peint "à la Van Gogh", j’ai aussi des représentations de Daleks (des robots), des figurines. J’ai poussé le vice jusqu’à me faire tatouer, il y a quelques mois, sur la cheville, un Tardis, le vaisseau avec lequel le Docteur voyage dans le temps et qui a l’aspect extérieur d’une cabine téléphonique bleue. Mon tatouage est très peu reconnu… J’ai eu le droit à "C’est un placard ? Un immeuble ?" Le Tardis ne fait vraiment pas partie de la culture collective en France. Quel genre de fan suis-je ? Un peu extrême, sans doute. Mais pour moi, Doctor Who est une série extraordinaire. Pour sa longévité, mais aussi son inventivité. Les régénérations (le fait que les incarnations du personnage principal changent) permettent qu’elle se réinvente toujours. Que l’on voyage dans le temps ou dans l’espace, on est toujours transportés avec le Docteur et ses compagnons, dans l’imaginaire mais aussi dans les émotions. Certaines de mes plus grosses larmes versées devant une série l’ont été avec Doctor Who. »

« La série fait de grandes choses avec pas grand-chose »

Willem, 20 ans, étudiant en licence d’anglais

« J’ai découvert Doctor Who grâce à France 4 en 2010. J’avais alors 14 ans et la chaîne diffusait la saison 2 ou 3. Au bout de dix minutes, je me suis dit : "Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?" J’étais très intrigué mais j’ai fini l’épisode avec un sentiment mitigé. Les semaines passant, je tombais de temps à autre sur la série à la télévision et, au bout de plusieurs mois, j’ai commencé à lui trouver un certain charme. Cette série ne ressemble à aucune autre, avec un mélange de science-fiction, d’humour, de tension et pleins d’autres émotions variant d’un épisode à l’autre. Le seul show pouvant s’en rapprocher, à mes yeux, c’est Stargate SG1. Il est vrai que pour un novice découvrant certains épisodes, Doctor Who peut être confus. La plupart s’arrêtent là car soit ils n’y comprennent rien, soit ils n’aiment pas le côté petit budget ou la version française. J’ai vraiment commencé à suivre Doctor Who à partir de la saison 5, toujours grâce à France 4. Plus je grandissais, plus je me rendais compte que la série faisait de grandes choses avec pas grand-chose. Je trouve que la série est un peu un reflet de notre société en évoluant année après année, mettant en scène des moments, des personnages en valeur. Cette évolution permet de renouveler le corps de la série mais pas son âme, qui est la même depuis le tout début. »

« C’est vraiment devenu ma série doudou »

Laetitia, 28 ans, journaliste

« J’ai découvert la série il y a six ans, sur recommandation de mon mec, qui pensait que ça pourrait me plaire. Effectivement, le coup de cœur a été immédiat : je suis passionnée par la science-fiction, l’espace et les voyages dans le temps. J’ai bingé toutes les saisons en quelques semaines avant de trépigner en attendant la suite chaque année depuis. J’adore les thèmes abordés, je trouve que c’est une série très bienveillante et qui pousse à être plus ouverts sur les autres. Et les acteurs sont tous incroyables. J’ai très vite commencé à collectionner les objets de la série : figurines, réplique du Tardis, tee-shirts, posters… Et les tatouages ! Aujourd’hui, j’en ai cinq qui sont inspirés de l’univers de Doctor Who. Mes proches sont un peu dépassés par tout ça, mais dans l’ensemble, ça ne les dérange pas plus que ça, même si je passe mon temps à encourager les uns et les autres à découvrir la série. Ils se moquent gentiment de moi quand je me fais des rewatch, mais pour moi c’est vraiment devenu une série doudou, dont je connais les répliques cultes, et dont je sais pertinemment quel épisode va me faire rire ou pleurer, ce qui ne m’empêche pas de les reregarder. »

« Le héros permet de jouer avec les codes de genre et de sexualité »

Miguel, 19 ans, étudiant

« J’ai commencé Doctor Who plutôt tard. Je voyais la série passer sur France 4, et il m’arrivait de regarder des épisodes quand il n’y avait rien d’autre à la télé. Au bout d’un moment, j’ai accroché à la série et j’ai commencé à regarder les replays. Les épisodes qui passaient à l’époque étaient ceux avec David Tennant dans le rôle du Doctor qui était accompagné par Martha Jones, incarnée par Freema Agyeman. Ce personnage de femme noire et médecin m’a toujours profondément touché. Je m’identifiais beaucoup à elle, même si je suis un mec, moi qui voulais devenir médecin et qui suis noir. A l’époque ce n’était pas une série dont on parlait beaucoup en France, en tout cas pas dans mes cercles. Et je n’étais pas un grand amateur de la culture geek. Aux yeux de beaucoup de whovians je serais un très mauvais fan, preuve en est j’ai appris l’année dernière que les fans de Doctor Who étaient surnommés ainsi. Mais j’ai adoré l’univers, les questions sous-jacentes que posait la série, comme celle de la guerre. Le fait que le Doctor soit un Seigneur du Temps (donc un extraterrestre) permet de jouer avec les codes de genre et de sexualité. Je pense qu’il y a un potentiel fou sur ce côté-là qui à l’air de faire chier les whovians conservateurs, mais qui me plaît et m’attire beaucoup plus. »