L'auteur de BD Art Spiegelman représenterait Donald Trump en «gros tas de merde»

BANDE DESSINEE Dans un entretien accordé au JDD, l’artiste évoque entre autres le président américain et son soutien à « Charlie Hebdo »…

F.R.
Art Spiegelman, à New York, en octobre 2015.
Art Spiegelman, à New York, en octobre 2015. — Jamie McCarthy / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

L’auteur de bande dessinée Art Spiegelman, 70 ans, est notamment connu pour son œuvre sur la Shoah, Maus, récompensée du prix Pullitzer en 1992. Les Juifs y étaient représentés en souris et les Nazis en chats, un parti-pris graphique qui a fortement marqué la pop culture.

Alors que l’Américain sera à la Philharmonie de Paris le dimanche 17 juin pour une conférence, Le Journal du dimanche, qui l’a longuement interviewé, lui a demandé quel animal il choisirait pour représenter Donald Trump. Réponse : « Un gros tas de merde. » Et de préciser, comme il ne s’agit pas d’un animal : « C’est pour l’instant la seule chose que j’aie pu dessiner en pensant à lui. Je me demande s’il a vraiment achevé, voir entamé, le stade de l’évolution animale. S’il y parvient, il finira peut-être en lézard. »

« Les dessins de "Charlie Hebdo" n'avaient rien d'antimusulmans »

Loin de verser dans la tiédeur, Art Spiegelman raconte aussi à l’hebdomadaire qu’il a abandonné son projet de bande-dessinée sur le conflit israélo-palestinien car il se serait « mis tout le monde à dos, les Israéliens et les Palestiniens unis contre [lui] » : « J’avais pourtant le titre parfait : Une terre sans peuple. C’était le slogan des sionistes avant la création d’Israël, " une terre sans peuple pour un peuple sans terre ". Un slogan génial et un pur mensonge. Je suis reconnaissant à mes parents d’avoir choisi d’émigrer aux Etats-Unis. Je préfère être une créature de la diaspora. »

L’artiste affirme par ailleurs qu’il « paye encore le prix » de son soutien à Charlie Hebdo après l’attentat contre la rédaction. « A l’époque, il y a eu ce scandale ridicule quand le Pen Club avait décerné un prix spécial du courage pour les victimes du carnage. Certains écrivains stupides et lâches s’en étaient offusqués. (…) Ils ne comprenaient rien au principe français de la sacralisation du blasphème, auquel je suis attaché. Les dessins de Charlie n’avaient rien d’antimusulmans, ils dénonçaient un radicalisme, pas une religion. »