« Lost in the night » : Une femme disparaît et c’est tout un pan du Mexique qui vacille
THRILLER Amat Escalante plonge un fils à la recherche de sa mère dans un pays hanté par la corruption, les règlements de comptes et la culpabilité
- Le cinéaste mexicain Amat Escalante signe un nouveau thriller, Lost in the night, présenté à Cannes en mai dernier.
- Ce thriller mêle différentes thématiques, corruption, règlements de compte et lutte des classes.
- Les jeunes comédiens Juan Daniel Garcia Trevino dans le rôle d’Emiliano et la jeune Espagnole Ester Exposito dans celui de Monica, sont remarquables.
Un Mexique à feu et à sang, mais un Mexique tout en nuances également. C’est ce que filme Amat Escalante, jusqu’ici connu pour des thrillers plutôt violents, de Los Bastardos à Heli (prix de la mise en scène à Cannes) en passant par la série Narcos : Mexico. Mais le réalisateur mexicain, qui n’a pas Luis Bunuel comme cinéaste de chevet pour rien, aime injecter de la perversion par ci, du sarcasme et de l’ironie par là.
« L’humour ajoute du réalisme, estime le cinéaste. La vie est pleine d’incessantes contradictions dont on peut choisir de rire. » Amat Escalante n’en demeure pas moins, et c’est lui qui le dit, un réalisateur qui a « développé une conscience sociale très forte » de son environnement. Lost in the night, présenté en mai dernier au Festival de Cannes Cannes, apparaît comme une synthèse parfaite de tout ce qui fait le Mexique au cinéma aujourd’hui.
La police d’aucune aide
Le pitch tient en trois lignes. Dans une petite ville mexicaine, Emiliano recherche les responsables de la disparition de sa mère. Activiste écologiste, celle-ci s’opposait à l’industrie minière locale. Ne recevant aucune aide de la police ou du système judiciaire, bien au contraire, le jeune homme remonte seul une piste qui le mène jusqu’à la demeure d’une riche famille d’artistes contemporains espagnols.
A partir de là, tout y passe. Et le suspense fonctionne à plein. Sur fond de corruption des autorités, de violence policière, et de rivalités entre communautés, Amat Escalante injecte dans son intrigue des idées plus originales, comme un certain relent de colonialisme dont la famille aisée ne parvient pas à se défaire. Ou encore l’idée d’utiliser un traumatisme pour le transformer en œuvre d’art. Le film se met aussi à l’heure des réseaux sociaux, une arme utilisée ici à double tranchant, et bien sûr, thriller oblige, on n’échappe pas aux meurtres, à la vengeance, au sentiment d’impunité parfois contrebalancé par une forte culpabilité…
La justice des plus jeunes
Dans Lost in the night, l’espoir vient heureusement de la jeunesse. Ce sont les personnages les plus jeunes qui réclament justice face à des adultes corrompus. Le plus haut, le plus fort. Et ce n’est pas un hasard. « Le monde appartient aux jeunes, explique Amat Escalante. Le futur repose sur leurs épaules. Quand on est jeune, une décision toute simple peut apparaître comme la plus importante de votre vie, alors qu’en vieillissant, on a des regrets. Je crois que les personnages jeunes m’apportent de la lumière. »
Celle qui irradie ce film, par la présence de ses deux interprètes principaux, Juan Daniel Garcia Trevino dans le rôle d’Emiliano et la jeune Espagnole Ester Exposito connue pour son rôle dans la série Elite sur Netflix. Mais les comédiens les plus vieux, Barbara Mori et Fernado Bonilla qui incarnent le couple d’artistes tout en complexité et en culpabilité, ne sont pas mal non plus.