« Le Château solitaire dans le miroir » : Keiichi Hara brocarde le harcèlement scolaire

FANTASTIQUE Ce très beau film d’animation japonaise fait partager la souffrance de gamins traumatisés en une fresque aux aventures spectaculaires

Caroline Vié
« Le château solitaire dans le miroir » de Keiichi Hara
« Le château solitaire dans le miroir » de Keiichi Hara — Eurozoom
  • La jeune Koroko découvre un univers fantastique dans « Le Château solitaire dans le miroir ».
  • Le réalisateur de « Miss Hokusai » livre un film magnifique et poétique pour évoquer des sujets graves.
  • Les suicides d’adolescents, phénomène important au Japon, l’ont motivé pour réaliser ce conte fantastique.

Le harcèlement scolaire fait aussi des ravages au Japon. C’est ce dont parle Le Château solitaire dans le miroir, œuvre vibrante découverte au Festival d’Annecy et signée Keiichi Hara.  « L’anime est une bonne façon d’aborder des sujets graves en les rendant attirants pour tous les publics », explique le réalisateur de Colorful, Un été avec Coo et Miss Hokusai à 20 Minutes. Adaptant un best-seller de Mizuki Tsujimura, le cinéaste fait découvrir l’univers parallèle dans lequel se réfugient une collégienne harcelée et six camarades victimes du même traumatisme.

« Le suicide d’adolescents est un phénomène de société très préoccupant au Japon, insiste le réalisateur. C’est pour cela que je me suis lancé dans ce film. » L’héroïne Koroko (ce qui veut dire « âme » en Japonais) va mener une quête dans un univers fantastique. De quoi lui redonner goût à la vie et l’aider à reprendre le dessus avec l’aide d’un groupe de gamins aussi paumés qu’elle.

Une ode à la solidarité

Visuellement superbe, ce film généreux et humaniste prône la solidarité contre l’adversité en faisant partager au spectateur des aventures fantastiques qui ne gomment pas la réalité que les personnages ont dû affronter. « L’union fait la force et permet d’échapper au désespoir. Dans nos sociétés individualistes, c’est un message important à faire passer », insiste Keiichi Hara. Il laisse le temps pour que le public s’attache à ces gamins qui en ont pris plein la figure et qui relèvent enfin la tête pour affronter leurs peurs.

« Je ne suis plus un adolescent depuis un moment, plaisante le réalisateur sexagénaire. Mais je peux comprendre ce qu’ils ressentent et la force que peut leur apporter le fait d’être ensemble. Le groupe qu’ils forment est comme une équipe de cinéma car on ne peut pas faire de film tout seul. » Il s’est entouré de collaborateurs très doués parmi lesquels on remarque la compositrice Harumi Fuuki dont la partition met en valeur les émotions ressenties par les héros.

Un sujet universel

Si Le château solitaire dans le miroir se déroule au Japon, ce que raconte le film est universel. « Le public français a toujours été généreux avec moi et je pense que cette histoire peut lui parler car le harcèlement scolaire sévit ici aussi », souligne Keiichi Hara. Raison de plus pour aller découvrir ce film fort, générateur de conversations passionnantes sur ce sujet sensible.