Festival de Cannes : Comment le jury a jeté son dévolu sur « Sans filtre » de Ruben Ostlund

RETOUR DE PALME Le réalisateur suédois Ruben Ostlund a l'art de mettre les jurys dans sa poche, celui de Vincent Lindon pour « Sans filtre » comme celui de Pedro Almodovar pour « The Square » palmé d'or en 2017

De notre envoyée spéciale à Cannes, Caroline Vié
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Ruben Ostlund remporte sa seconde Palme d'Or pour "Sans filtre", samedi 28 mai 2022 à Cannes
Ruben Ostlund remporte sa seconde Palme d'Or pour "Sans filtre", samedi 28 mai 2022 à Cannes — Vianney Le Caer/AP/SIPA
  • Ruben Ostlund a séduit le jury de Vincent Lindon par sa férocité.
  • « Sans filtre » brocarde la société actuelle et sa cupidité.
  • Son côté mal élevé et son humour méchant font mouche, comme à chaque fois.

Il avait dit à 20 Minutes être prêt à recevoir un deuxième Palme d’or sans trop y croire. Ruben Ostlund a remporté la récompense suprême du  Festival de Cannes avec Sans filtre, comédie aussi méchante que drôle.

Le réalisateur suédois qui avait déjà eu la Palme d’or pour The Square en 2017 va encore plus loin avec ce film qui égratigne la cupidité et le capitalisme avec férocité. « Je voulais secouer le public, voire le choquer pour lui faire prendre conscience des dérives de notre société », a-t-il confié à 20 Minutes. Et ça a marché sur le jury de Vincent Lindon, comme avec celui de Pedro Almodovar il y a cinq ans.

Du cinéma mal élevé

Le cinéma de Ruben Ostlund, c’est du poil à gratter sur grand écran ! Le réalisateur prend un malin plaisir à mettre le spectateur mal à l’aise. Cela a sans doute amusé Vincent Lindon qui n’avait pas hésité à en faire de même avec Titane, bien que le film de Julia Ducourneau soit largement moins rigolo. Avec The Square, Ruben Ostlund avait déjà imposé un ton irrévérencieux qui a fait sourire tout en parlant de choses sérieuses. Cette fois Sans filtre, film joyeusement mal élevé, brocarde le capitalisme et ses scories avec une telle liberté de ton qu’il a tout pour attirer un public nombreux en salle.

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Une croisière délirante révèle le pire et souligne les relations entre les différentes classes sociales pour la plus grande joie du spectateur. Les surprises sont nombreuses pour appuyer où ça fait mal et ça fait du bien. On ne sait pas si Ruben Ostlund va vraiment mettre sa deuxième Palme dans la chambre de son fils de 8 mois, comme il nous l’avait affirmé, mais on comprend pourquoi son œuvre jubilatoire, insolente et insolite a remporté ce prix. « Au moins j’ai servi à quelque chose pour la culture et j’ai rendu des gens heureux », a déclaré Vincent Lindon lors de la conférence de presse du jury. Sans filtre fait exactement le même effet.