« Police »: « Voir Omar Sy aux prises avec la mélancolie, c'est rare et touchant » estime Virginie Efira

INTERVIEW L’actrice endosse l’uniforme en compagnie d’Omar Sy et Grégory Gadebois dans « Police », le nouveau film d'Anne Fontaine en salle ce mercredi

Caroline Vié
Virginie Efira et Omar Sy dans «Police» d'Anne Fontaine
Virginie Efira et Omar Sy dans «Police» d'Anne Fontaine — StudioCanal/Thibault Grabherr
  • « Police » suit un trio de policiers qui conduit un migrant expulsé vers l’aéroport.
  • Cette mission qu’ils accomplissent pour la première fois leur pose un sérieux cas de conscience.
  • Virginie Efira s’est laissée séduire par son personnage déchiré entre doute et devoir.

Virgine Efira est éblouissante dans Police, film d’Anne Fontaine dans lequel elle incarne une policière chargée d’accompagner un migrant expulsé jusqu’à l’aéroport. Accompagnée par deux collègues très différents joués par  Omar Sy et Grégory Gadebois, elle livre une performance pétrie d’humanité.

L’actrice belge apporte une grande sensibilité à ce personnage déchiré entre respect des ordres et conscience personnelle dans ce drame puissant inspiré d’un roman d’Hugo Boris. Elle s’est confiée à 20 Minutes sur ce rôle très fort qui marque ses retrouvailles avec la réalisatrice de Mon pire cauchemar (2011).

En quoi ce film peut-il contribuer à changer le regard qu’on pose sur la police ?

Anne Fontaine montre les êtres humains cachés sous l’uniforme avec les cas de conscience auxquels ils peuvent se trouver confrontés. Elle n’a pas cherché à livrer une étude sur la police. Son film me semble original parce qu’il insiste sur la vie intime des policiers et sur l’influence qu’elle peut avoir sur leur travail. Nos personnages se livrent à ce type de missions pour la première fois et réagissent très différemment.

Et pour vous, tourner dans « Police » a-t-il changé votre opinion sur cette institution ?

Jouer est un processus instinctif, pas intellectuel. Essayer de comprendre la crise de confiance qui ébranle la police est indépendant de mon métier d’actrice. C’est ce que je fais en tant que citoyenne en m’informant au maximum et en essayant de prendre en considération tous les paramètres. On ne peut pas avoir de vision univoque sur ce sujet bien qu’il soit évident qu’il existe un problème et qu’il doit être endigué.


Est-ce important que ce film soit réalisé par une femme ?

Sans doute. Mais Anne Fontaine peut être très drôle même quand le sujet de ses films ne prête pas à rire. Je suis une emmerdeuse qui pose plein de questions et fait des tas de suggestions. Quand mes idées ne lui plaisaient pas, elle me répondait avec un grand sourire : « Oui Virginie, on fera ça un de ces jours, sur une plage à Biarritz ! » Et j’éclatais de rire. Je me suis toujours sentie à ma place sur son plateau. Je savais que nous retravaillerions ensemble.

En quoi avez-vous changé depuis « Mon pire cauchemar », votre précédent film d’Anne Fontaine ?

Dix ans ont passé. Je me souviens encore de notre première rencontre. J’avais essayé de l’impressionner par ma drôlerie et mon intelligence : exactement ce qu’il fallait pour avoir l’air sinistre et sotte. Cela nous fait sourire quand on reparle. Nous sommes restées en contact depuis ce premier film car elle m’a vraiment mis le pied à l’étrier à une époque où on me proposait peu de rôles. Elle a une façon incroyable, difficilement explicable, de vous faire sortir des choses que vous ignoriez avoir en vous.

Est-ce pourquoi elle donne aussi une image très différente d’Omar Sy ?

Voir Omar Sy aux prises avec la mélancolie est rare et touchant. Lui qui représente si bien la joie de vivre et l’espérance, ce grand gaillard à la présence physique inouïe et au regard d’enfant, dégage une virilité qui n’a rien de beauf. Je trouve qu’Anne a bien saisi cela à l’écran. Le trio que nous formons avec Grégory Gadebois est parfaitement complémentaire.