Marseille: Quel est le secret de L'Alhambra, salle de cinéma préférée des Français en 2018?

ECRANS D’entrée de jeu, l’architecture des lieux séduit par son cachet très cinématographique. De l’accueil à l’écran, la suite est à l’avenant

Caroline Delabroy
Le cinéma L'Alhambra à Marseille, salle préférée des Français en 2018.
Le cinéma L'Alhambra à Marseille, salle préférée des Français en 2018. — C. Delabroy / 20 Minutes
  • Le cinéma art et essai L’Alhambra à Marseille est élue salle préférée des spectateurs, selon un sondage Médiamétrie portant sur l’année 2018.
  • Cette jolie salle des quartiers nord tisse des liens étroits avec son public, dès le plus jeune âge.
  • Le cinéma va fêter les 30 ans de sa réouverture l’an prochain, et s’enrichir bientôt d’une seconde petite salle.

Un sacré coup de projecteur. Trop souvent résumé au « cinéma des quartiers Nord » de Marseille, L’Alhambra a été désigné par un sondage Médiamétrie comme la salle préférée des spectateurs en 2018. Avec une note de satisfaction de 9,6 sur 10, il devance ainsi l’un des hauts lieux du cinéma art et essai, le Méliès à Montreuil. Dans son bureau, sous la photo de Jacques Demy et ses demoiselles de Rochefort, le directeur des lieux ne boude pas son plaisir. « C’est une reconnaissance pour une mono-salle de 232 fauteuils comme la nôtre, cela veut dire que le travail paie », sourit celui qui « reste persuadé qu’un film peut changer la vie de quelqu’un ». Alors William Benedetto ne ménage pas ses efforts pour faire venir le jeune public, allant jusqu’à affréter lui-même des cars s’il le faut.

Sur les 60.000 spectateurs que compte le cinéma à l’année, 15.000 sont des minots, de la maternelle au lycée. « Quand je leur montre des films en VO, ce n’est pas pour les emmerder et leur dire que c’est mieux, mais que ça existe et qu’ils y ont droit aussi. Il faut voir quand ils sortent d’un film de Chaplin, ça marche, c’est subversif ce personnage qui perturbe tout sur son passage ! ». « Tout sauf l’entre-soi culturel », résume William Benedetto, pour qui l’architecture de ce cinéma, qui va fêter l’an prochain les 30 ans de sa réouverture, joue aussi un rôle fondamental. « Cette façade, très cinématographique, hors du temps, ça marche, observe-t-il. Je crois beaucoup en la force de la beauté. »

« De la vie, du dynamisme, du vibrant »

A l’intérieur, ce jour-là, une ribambelle d’enfants hauts comme trois pommes semblent comme chez eux dans le grand hall coloré. « Quand les gens viennent ici, ils se sentent bien, accueillis. Notre carte de visite, ce n’est pas la technologie, mais d’amener de la vie, du dynamisme, du vibrant », assure le directeur de L’Alhambra. Un viatique que l’on retrouve dans la programmation, à 70 % estampillée « art et essai », comme le veut le label octroyé à la salle. Et dans les rencontres et propositions organisées autour. Le mardi 30 avril, avant la projection de Ragtime de Milos Forman, un piano sera installé dans le hall, et le samedi 15 juin, pour une autre soirée en partenariat avec le festival Jazz des cinq continents, un bal jazzy est de la partie. « Le grand espace devant l’écran permet de faire danser 150 personnes », relève William Benedetto.


Depuis toujours ou presque (15 ans très exactement), L’Alhambra diffuse juste après Cannes les films de la Quinzaine des réalisateurs. De quoi faire venir un public de cinéphiles. Car L’Alhambra tisse sa toile jusque vers le centre-ville de Marseille. Il faut dire que l’on s’y gare facilement sur la jolie place du quartier Saint-Henri – comme tout le secteur, le cinéma est difficilement accessible (et c’est un euphémisme) le soir en transports en commun. Et bientôt, L’Alhambra va se compléter d’une nouvelle petite salle de 60 fauteuils, peu ou prou de la taille de La Baleine. La ville de Marseille, propriétaire des murs, vient de voter une délibération en ce sens. « Cela va nous permettre de faire plus de sorties de films, et d’ouvrir encore le champ des possibles », se réjouit William Benedetto. Décidément, c’est l’année des bonnes nouvelles pour L’Alhambra.

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