VIDEO. «Un coup de maître» éclabousse drôlement le milieu de l'art

SATIRE Dans la veine de la palme d'or suédoise «The Square», la comédie argentine « Un coup de maître », en salle le 6 janvier, se rit également de l'art avec férocité

Caroline Vié
Luis Bradoni dans Un coup de maître de Gastón Duprat
Luis Bradoni dans Un coup de maître de Gastón Duprat — Eurozoom
  • L’amitié entre un peintre et un galeriste est au centre d'« Un coup de maître ».
  • Cette fantaisie cruelle se moque du milieu de l’art.
  • Entre fable comique et thriller, le réalisateur de «Citoyen d'honneur» offre un film réjouissant.

Peut-on être honnête quand on vend de l’art ? C’est la question posée par le film Un coup de maître de  Gastón Duprat. Cette comédie argentine tente d’y répondre en confrontant un galeriste ambitieux et un peintre capricieux.

Cette fable ironique prend la suite de The Square de Ruben Östlund pour dénoncer le snobisme des collectionneurs dont les marchands tirent parti avec délice. « Nous voulions que le film traite de l’amitié et de ses limites, et aussi de l’art et de l’espace dans lequel évoluent les artistes », explique le cinéaste sur le site Cinéeuropa. 20 Minutes détaille ce qui fait la réussite de ce cocktail mi-réaliste, mi-fantaisiste.

Il joue la carte de la fiction

Un accident dont un peintre est victime est à l’origine d’une ruse diabolique imaginée par un marchand d’art pour augmenter la valeur de ses toiles. Le réalisateur de Citoyen d'honneur (2017) rend le spectateur complice des deux hommes. Bien que malhonnêtes, on s’attache à eux dès la séquence d’ouverture où l’un des héros avoue benoîtement avoir commis… un meurtre. Jouant avec le temps et l’espace, le scénario a tôt fait de captiver le public autour d’une intrigue aussi drôle que retorse. Surtout quand la farce se métamorphose en thriller.

Il crée des personnages attachants

Si les deux personnages principaux campés par Luis Brandoni et Guillermo Francella sont bien croqués, on a un faible pour une petite amie excédée par l’égocentrisme du peintre. Ainsi que pour un de ses disciples idéalistes, pauvre garçon maltraité par le plasticien qui l’oblige à déplacer et remettre en place des objets par pur caprice. Mais heureusement, un retournement de situations savoureux finit par changer joyeusement la donne entre les « pieds tendres » et les « vieux de la vieille ».

Il puise dans la réalité

Le cinéaste a été bien conseillé pour traiter son sujet : Andrès, son frère et scénariste du film n’est autre que le directeur du Musée National des Beaux-Arts argentin. On peut penser que ces fonctions ont constitué une belle source d’inspiration, même si le peintre plasticien peut sembler un brin caricatural quand il tire sur ses œuvres devant un client abasourdi ou quand il ajoute un très gros zizi sur une toile monumentale. Mais on rit aussi de voir les acheteurs changer d’avis comme de tablier pour faire évoluer le marché de façon artificielle. Le trait est sans doute un peu forcé, mais nul doute qu’il repose sur un fond de vérité.