Le centre en recomposition

Alexandre Sulzer
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   La tectonique des plaques n'a jamais été aussi forte au centre. A quelques mois de la présidentielle, ralliements, déchirements et flottements marquent cette famille politique. Philippe Douste-Blazy a ainsi annoncé hier qu'il se ralliait à François Bayrou. Au MoDem, on se réjouit et souligne que l'ancienne secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Anne-Marie Idrac, l'ancien ministre du Budget Alain Lambert, l'ancienne secrétaire d'Etat aux Affaires sociales Dominique Versini, et l'ancien proche de Dominique de Villepin Daniel Garrigue, ont d'ores et déjà rejoint le camp Bayrou. D'autres figures de l'UMP pourraient-elles entrer dans la danse ? « Cela dépend de ce que François Bayrou dira au soir du premier tour », confie, sous couvert d'anonymat, une figure de la majorité présidentielle. Celle-ci affirme que des contacts ont été pris avec le MoDem pour convaincre Bayrou de se rallier au second tour à Sarkozy. Une condition que beaucoup posent pour rejoindre la candidature Bayrou. « Ce qui est sûr, c'est que le courant réformateur et européen ne pèse pas assez dans la majorité actuelle », insiste cette personnalité.
  « Il y a un changement d'attitude évident de François Bayrou vis-à-vis du président de la République, se réjouit la sénatrice UMP Fabienne Keller, de sensibilité centriste. Mais la clarté impose qu'il se prononce avant le premier tour sur ses intentions pour le deuxième. »
  Certains ex-lieutenants de Jean-Louis Borloo pourraient aussi être tentés. Ainsi, Didier Bariani, président d'honneur du Parti radical (PR), glisse à 20 Minutes qu'il votera « à titre personnel » pour François Bayrou. Le parti lui-même se prononcera après sa convention nationale fin janvier. Dominique Paillé, ancien porte-parole de l'UMP, affirme que l'heure n'est pas encore au choix. Mais dans un livre à paraître, Panique à l'Elysée (éd. Grasset), il prévoit que François Bayrou sera au second tour.
  L'entourage du ministre (Nouveau Centre) François Sauvadet n'exclut pas non plus que, si « François Bayrou levait l'ambiguïté du second tour, on pourrait penser » à un ralliement. Mais pour l'heure, le MoDem ne semble pas vouloir donner de gages.
  Reste le cas Hervé Morin. Les responsables locaux du NC sont convoqués mercredi à huis clos pour « discuter » de sa candidature. Et Morin a reconnu la semaine dernière qu'il se poserait des questions le 15 mars, s'il était toujours « à 0,2 % » dans les sondages.