Illectronisme : de quoi parle-t-on ?
NUMérique La numérisation des tâches de la vie quotidienne n’a de cesse de s’accélérer, laissant sur le côté une partie de la population sans distinction d’âge ou de catégorie sociale
- Ce mardi 15 novembre 2022 est paru le deuxième numéro de 20 Mint, notre média consacré au Web3.
- Ce dernier a été élaboré en collaboration avec la communauté réunie sur le premier numéro.
- Il est consacré à l’inclusion ; que ce soit des personnes en situation de handicap, des femmes, ou encore des personnes éloignées du numérique.
« Comment peut-on parler le langage informatique si on ne nous apprend pas l’alphabet numérique ? », questionne Damien Douani, expert en nouvelles technologies. En France, 35 % des citoyens reconnaissent éprouver une difficulté qui les empêchent d’utiliser pleinement les outils numériques, selon le Baromètre 2021 de l’Arcep. On dit d’eux qu’ils sont victimes d’illectronisme ou d’illettrisme numérique. « Mais je suis prudent sur l’usage de ces termes, alerte Anthony Babkine, cofondateur de Diversidays, une association d’égalité des chances dans le numérique. Cela sonne comme une maladie, alors qu’il n’y a rien d’incurable ».
Méconnaissance technique, zone blanche ou incapacité à s’équiper, l’illectronisme peut-être dû à plusieurs facteurs. « Ce profilage nous permet de sortir de l’image d’épinal selon laquelle les vieilles générations ne savent pas et les jeunes savent, alors que ce n’est pas du tout cela », soutient Damien Douani. Parmi les 20 % de Français jugeant que la maîtrise des outils numériques est une compétence « compliquée », les 18-24 ans occupent ainsi la seconde place du classement (Ifop). Nées avec Internet, les jeunes générations ont néanmoins un avantage sur l’appréhension ressentie vis-à-vis de ces outils selon Damien Douani. « Il n’y a pas les mêmes barrières et le même effort à produire que pour quelqu’un qui a été forcé d’apprendre en cours de route », souligne-t-il.
Un réel frein pour trouver du travail
Dans un monde où 75 % des offres d’emploi requièrent au moins une compétence numérique, selon Emmaüs Connect, l’illectronisme peut s’avérer être un réel frein pour trouver du travail. « La quasi-totalité des personnes éloignées de l’emploi que nous accompagnons affichent des difficultés avec le numérique », note Jean Guo, cofondatrice de Konexio, un organisme de formation au numérique. Mais elles ne sont pas les seules. « Certains ne sont pas allés au bout de leur parcours éducatif, mais nous avons aussi des Bac + 8 », précise-t-elle.
Délégations et aidants numériques, conseillers France Service, Pass Numérique ou formations avec des organismes privés comme Simplon.co, Diversidays et Emmaüs Connect : « De nombreuses solutions existent, rappelle Damien Douani. La question est de prendre conscience qu’il faut y aller, et c’est là que l’on touche du doigt les logiques de réticences propres à chacun. » Un obstacle à dépasser, pour choisir une solution adaptée à ses besoins.