Fédé roumaine, stars du basket et fronde anti-NFT… Unagi met de la fantaisie dans le sport Web 3
JEU VIDEO Rémi Pellerin a créé Ultimate Champions, une plateforme de fantasy sports où l’on peut gérer des équipes virtuelles de foot et bientôt de basket
- Rémi Pellerin, cofondateur du studio de jeu vidéo Unagi, est venu présenter sa plateforme de fantasy foot, Ultimate Champions sur le plateau de 20 Mint au Carré mardi 19 juillet.
- Proche de Sorare, ce jeu s’en différencie notamment par le gameplay et par les équipes sous licence, comme le championnat roumain que le studio a embarqué dans l’aventure.
- A la rentrée, Ultimate Champions s’attaque au basket avec l’intégralité des clubs de l’Euroligue
Dans le sillage de la licorne Sorare se faufile l’anguille Unagi. Son cofondateur, Rémi Pellerin, explique dans 20 Mint au Carré comment est née sa plateforme de fantasy foot, Ultimate Champions…
Unagi, ça nous évoque les sushis à l’anguille ou le mantra de Ross Geller, mais pas forcément le sport. Pourquoi avoir choisi ce nom ?
Pour la référence au Japon, pays du gaming parce qu’Unagi est un studio de développement de jeux vidéo spécialisé dans le Play To Earn (jeu qui récompense le joueur pour ses performances) et la technologie blockchain. On l’a fondé avec l’objectif de rendre accessible au plus grand nombre ce nouveau type de jeu. Et le premier qu’on a développé s’appelle Ultimate Champions. C’est une plateforme de fantasy sport sur laquelle les athlètes du monde réel, les footballeurs par exemple, sont représentés par des cartes numériques sous forme de NFT. L’utilisateur va composer une équipe de onze de ces joueurs et en fonction de leur performance dans le monde réel, il accumulera des points. A la fin du week-end, on additionne les points et s’il a performé, on lui attribue des récompenses, notamment des cartes de joueurs qui vont s’ajouter à sa collection, qu’il pourra échanger, revendre, etc.
C’est un peu comme Sorare ?
On est très admiratif de ce qu’a fait Sorare, forcément. Mais on a eu du mal à faire venir du monde pour y jouer avec nous parce qu’il y a un coût d’entrée important. Nous, on vient du free to play (jeu à l’utilisation gratuite mais proposant souvent des micropaiements pour améliorer son expérience). On a travaillé chez Ubisoft pendant longtemps dans ce secteur et on voulait créer ce type de jeu, qui ne nécessite aucun investissement pour commencer à s’amuser. On a aussi un gameplay différent avec onze joueurs dans son équipe, un banc de remplaçants, pour essayer de se mettre pleinement dans le rôle du manager. On a créé nos propres tokens qui nous permettent de distribuer des récompenses en jetons en plus des cartes, qu’on peut dépenser pour améliorer son équipe.
Et vous ne proposez pas les mêmes équipes. Vous avez signé vos propres partenariats ?
Oui, c’est important. Pour l’instant, on a des accords avec une quarantaine de clubs. On a commencé avec Arsenal notamment. On est très contents de ce partenariat long terme, exclusif, et on a signé aussi avec quelques clubs en France, en Ligue 1 et en Ligue 2. Et plus récemment, on a signé un partenariat avec la fédération de Roumanie pour avoir tous les clubs qui évoluent dans ce pays.
Comment négocie-t-on avec une fédération ? D’autres avaient déjà essayé avant vous ?
Pas en Roumanie, non… Il y a une première phase où l’on doit expliquer ce qu’on fait. Un peu d’éducation sur ce que la blockchain apporte. Nous, on a assez tôt réussi à construire un prototype qui nous permettait de démontrer ce qu’on voulait faire et la fédération a beaucoup aimé notre vision. Ça leur fait un canal de revenus supplémentaire et ils peuvent toucher une nouvelle génération de fans, qui a peut-être moins l’habitude de passer deux heures devant un match et consomme le foot différemment sur les réseaux sociaux, notamment.
Vous intégrez également d’autres sports ?
Tout à fait. Notre vision, c’est de devenir une plateforme multisports. On a commencé par le football parce que c’est le sport le plus gros. Celui qu’on connaît le mieux. Puis on va intégrer le basket. On a signé un partenariat à long terme avec l’Euroligue, qui regroupe de super écuries comme Barcelone, le Real Madrid, le Bayern, Milan. Ces 38 clubs, c’est un petit peu la Ligue des champions du basket européen. Il y a plus de 500 matchs par an.
Avec la même mécanique que pour le foot ?
Le gameplay n’est pas encore défini dans les détails. Mais on a envie de faire quelque chose d’un peu plus dynamique. Proposer aux utilisateurs de gérer leur équipe en live par exemple. On sait que les fans de basket sont plus habitués aux statistiques que les fans de foot. Pour un jeu comme le nôtre qui est basé sur les données, c’est génial. Il y a plein de choses à faire et nos game designers sont en train de conceptualiser tout ça.
Ultimate Champions s’appuie sur quelle blockchain ?
Sur Polygon. Mais on a voulu être super accessible et on peut donc simplement acheter des NFT par carte de crédit en euros. Cependant, avant de payer, il faut d’abord venir essayer le jeu gratuitement. Tous les joueurs qui commencent ont le même budget virtuel avec lequel ils composent leur équipe. Notre objectif en tant que développeur, c’est de créer un jeu que les gens trouvent fun. Ils vont venir s’amuser avec leurs amis, créer de nouveaux liens, etc. Et seulement s’ils ont envie de progresser plus vite, ils dépenseront quelques euros…
Qu’est-ce que le Web 3 apporte finalement dans un jeu comme ça ?
Le problème avec les jeux et le modèle de jeu traditionnel, notamment free to play, c’est que les utilisateurs ne sont pas réellement propriétaires de ce qui est dans le jeu. S’il y a un nouvel opus qui sort – c’est le cas par exemple pour FIFA tous les ans –, tout l’argent que le joueur a dépensé dans le FIFA de l’année précédente est perdu à jamais. Nos NFT appartiennent réellement aux joueurs. Ils peuvent les vendre, les échanger, même les détruire s’ils le veulent.
Mais si le jeu disparaît, la valeur du NFT aussi. Il ne sert plus à rien. Est-ce qu’on change vraiment les règles du jeu avec ça ?
On change les règles du jeu pour l’utilisateur. Le NFT est un objet de collection avec lequel on peut jouer. Même si le jeu s’arrête, la carte garde sa valeur pour un collectionneur. La carte Panini de Zidane 98 a encore beaucoup de valeur aujourd’hui.
Vous avez travaillé chez Ubisoft, qui a connu des déboires au moment de lancer sa plateforme de vente de NFT. De nombreux joueurs ont clairement fait comprendre qu’ils ne voulaient pas de ces jetons payants. Comment expliquer que les NFT aient aussi mauvaise presse chez une partie des gamers ?
On a encore besoin d’une phase d’éducation pour que les gens comprennent l’intérêt des NFT. Cet intérêt, c’est la propriété. Avec les NFT, le joueur peut échanger ou vendre tous les objets qu’il gagne dans un jeu. Il y a un manque de connaissances sur le sujet. Je pense qu’on est à un moment similaire au tout début du free to play, quand beaucoup de joueurs rejetaient ce modèle et préféraient payer leur jeu 60 €, posséder la boîte et ne pas avoir de dépense supplémentaire à faire. Aujourd’hui le free to play est installé comme un standard. On est convaincu que le play to earn va se démocratiser et qu’il va y avoir de plus en plus de jeux avec ce modèle.